PHOTO : Shalini Lal. Crédit photo : Production Multimédia CHUM

Shalini Lal au service de la santé mentale des jeunes

Chercheuse avec une formation clinique en ergothérapie, Shalini Lal est arrivée au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal en juin dernier avec un vaste programme de recherche : aider les jeunes à trouver les ressources nécessaires pour le bien de leur santé mentale. Portrait.

La période de l’adolescence à la vie de jeune adulte s’avère critique pour la santé mentale. Soixante-quinze pourcent des maladies mentales commencent avant l’âge de 22 ans. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a évoqué cette statistique lorsqu’il a présenté le plan d’action en santé mentale du gouvernement du Québec au début du mois d’octobre. Il a promis un investissement de 70 millions de dollars pour optimiser l’organisation des soins en santé mentale, en particulier pour les jeunes.

Améliorer l’accès à des services de qualité en santé mentale pour les jeunes, c’est exactement l’objet des recherches de Shalini Lal, chercheuse au CRCHUM dans l’axe Évaluation, systèmes de soins et services et professeure adjoint à l’École de Réadaptation de la Faculté de Médecine de l’Université de Montréal.

« Beaucoup de jeunes entre 16 et 24 ans tombent dans les craques du système de santé. On sait que seulement 25% des jeunes qui ont des problèmes de santé mentale ont accès à des services, et ce chiffre est inférieur dans le cas des jeunes plus marginalisés comme les autochtones, les immigrants ou les jeunes de la rue », déplore Shalini Lal.

Pendant dix ans, Shalini Lal a œuvré comme clinicienne auprès des jeunes et leurs familles. Ergothérapeute et coordonnatrice clinique d’intervention précoce, elle a travaillé en particulier auprès des jeunes qui ont connu un premier épisode de psychose. Cette expérience terrain l’a amenée à poursuivre des études doctorales à l’Université de la Colombie-Britannique et postdoctorales à la fois à McGill et à l’Institut de santé mentale Douglas.

Ses recherches ont porté sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’information comme outil d’engagement et d’intervention auprès des jeunes. « La demande de services est plus élevée que l’offre dans le réseau public. Et rien ne garantit que les jeunes vont s’engager et demeurer fidèles aux ressources disponibles. Je pense que la télémédecine, les technologies mobiles, les consultations virtuelles, les médias sociaux ou d’autres plateformes virtuelles sécurisées pourraient aider les jeunes à mieux s’informer sur leur condition et à trouver les ressources thérapeutiques nécessaires », dit-elle.

Actuellement, les professionnels de la santé utilisent très peu les technologies de l’information pour rejoindre les jeunes. Mais avant de changer les façons de travailler, il faut commencer par comprendre les perceptions des jeunes et des membres de leur famille. Quel genre d’informations souhaitent-ils obtenir? Que pensent-ils de l’utilisation des technologies d’information?

Shalini Lal a mené un sondage auprès de 67 jeunes adultes de 18 à 35 ans qui ont reçu des services après un premier épisode de psychose. Les résultats ont été publiés dans la revue JMIR Mental Health en mai 2015: plus d’un jeune sur deux cherche activement de l’information sur la santé mentale sur le web. La majorité souhaite recevoir des informations par Internet sur la santé mentale, les options thérapeutiques, le rétablissement, les outils d’aide à la décision pour leur traitement et des informations pratiques sur la recherche d’emploi ou le retour au travail après un épisode psychotique, par exemple. Ils étaient en accord également avec l’idée de recevoir des rappels de rendez-vous par texto. « Ces résultats nous donnent un aperçu de l’ouverture des jeunes face à ces outils d’information. C’est très prometteur pour soutenir les services entre les consultations, ou en région éloignée », explique-t-elle.

La chercheuse poursuit cette recherche auprès des familles et des professionnels de la santé qui dispensent les soins, histoire de vérifier l’utilité des technologies de l’information à l’amélioration des soins en santé mentale. Avec beaucoup de retard, l’ère de la cybersanté en santé mentale est commencée.

Pour en savoir plus

L’étude «Preferences of Young Adults With First-Episode Psychosis for Receiving Specialized Mental Health Services Using Technology : A Survey Study» est disponible en ligne: http://mental.jmir.org/2015/2/e18/

 

Source : Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM)

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