Conférence Apprendre d’hier pour développer la santé de demain

La conférence Apprendre d’hier pour développer la santé de demain, prononcée dans le cadre des Grandes Retrouvailles et animée par le journaliste scientifique Yanick Villedieu, a été l’occasion de mettre en lumière les travaux de l’historien de la médecine Denis Goulet, du microbiologiste Yves Brun, de la bioinformaticienne Julie Hussin et de l’ergothérapeute Annie Rochette. 

« Les maladies infectieuses sont ce combat qui n’en finit plus », disait l’illustre microbiologiste Armand Frappier. À l’heure où la planète est encore aux prises avec la COVID-19, quelles leçons retenir de l’histoire ? En quoi la recherche permet-elle d’améliorer la santé humaine ? Nos panélistes ont apporté leurs lumières.

Voyez en rattrapage la conférence Apprendre d’hier pour développer la santé de demain :

L’évolution de la santé et de la médecine à travers l’histoire

Denis Goulet est professeur invité à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et spécialiste de l’histoire de la médecine et des épidémies au Québec.

« À travers l’évolution des conceptions de la santé, on est passé de la théorie des humeurs à la révolution clinique et à la révolution bactériologique. »

 

Quelques leçons apprises de l’histoire :

  • Étendre l’accessibilité aux soins médicaux et paramédicaux à toute la population ;
  • Intensifier la recherche biomédicale ;
  • Éviter que la surspécialisation et la technologie médicale fassent resurgir une médecine froide et déshumanisée ;
  • Donner aux facultés de médecine les moyens de leur développement et poursuivre une démarche d’apprentissage vers une humanisation des soins ;
  • Intensifier la collaboration interprofessionnelle et la multidisciplinarité ;
  • Développer un esprit d’ouverture à une délégation de certains gestes médicaux ;
  • Accentuer les soins aux aînés et les soins psychiatriques ;
  • Appliquer le principe de précaution en matière de prévention des épidémies.

La Faculté de médecine de l’UdeM a su se positionner avantageusement en mettant l’accent sur :

Antibiorésistance : la pandémie silencieuse

Yves Brun est professeur et chercheur au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de la Faculté de médecine et titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 sur la biologie cellulaire des bactéries.

« L’antibiorésistance est une pandémie silencieuse qui constitue un grave problème de santé publique. À un point tel qu’en 2019, les bactéries antibio-résistantes ont causé la mort de plus de personnes que ne l’a fait la COVID-19 en deux ans! Et on prévoit que si rien ne change, en 2050, les bactéries antibio-résistantes vont causer la mort d’environ 10 millions de personnes dans le monde. C’est sans compter l’apparition de variants encore plus contagieux.

Et c’est d’autant problématique que depuis les années 1990, on n’a découvert aucun antibiotique avec de nouveaux mécanismes d’action. La recherche fondamentale et l’innovation laissent entrevoir la découverte de nouveaux antibiotiques. Ainsi, grâce à la microcospie, on obtient des informations sur l’effet des molécules – comment elle empêche la croissance des bactéries –, alors que l’intelligence artificielle permet d’utiliser ces données pour trouver les molécules avec un potentiel d’antibiotiques. »

Les promesses de l’IA et la médecine

Julie Hussin est bioinformaticienne, professeure sous octroi adjointe au Département de médecine et directrice d’un groupe de recherche en génétique des populations humaines et en génomique personnalisée à l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM).

« La médecine de précision basée sur les données moléculaires est encore très peu présente au chevet du patient, car on ne comprend pas bien encore comment intégrer toutes les données disponibles – ADN, ARN, protéines, microbiome, etc. – et en quoi celles-ci vont affecter la santé des individus. Pour l’heure, l’intelligence artificielle (IA) est utile pour étendre les tâches dans lesquelles le cerveau humain excelle, comme mettre en évidence des patrons à partir de données et établir s’il existe une structure particulière dans celles-ci. »

L’enseignement en 2022 – les constats et les enjeux

Annie Rochette est professeure titulaire à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et chercheuse titulaire au Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal Métropolitain.

« En enseignement, il est de plus en plus question du transfert des connaissances dans la pratique. C’est-à-dire comment faire en sorte que nos futurs professionnelles et professionnels de la santé utilisent en continu les différents savoirs – évidences scientifiques et savoirs tacites issus de l’expérience, savoir-être (attitudes) et savoir-faire (habiletés) – tout en prenant en considération le vécu des patients. »

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