Nathalie Grandvaux

La chercheuse avant-gardiste

En début de carrière, Nathalie Grandvaux était catégorique : « Je ne suis pas destinée à la recherche. »

Quinze ans plus tard, la chercheuse au CRCHUM et professeure titulaire au Département de biochimie et médecine moléculaire possède pourtant une expertise de recherche parmi les plus prisées du Québec.

Son équipe de recherche et elle se penchent sur l’analyse des mécanismes cellulaires complexes qui entrent en jeu dans la réponse de l’organisme face à une infection virale. Un thème plus que pertinent à l’ère de la COVID-19 et de la course contre la montre pour trouver des façons d’enrayer sa redoutable propagation.

D’abord détentrice d’un diplôme d’ingénieur et d’un doctorat en biologie moléculaire et cellulaire, c’est lors de son post-doctorat en immunovirologie à l’Université McGill qu’elle commence à s’intéresser aux infections virales. Une fois nommée à titre de professeure adjointe à l’Université de Montréal, elle se tourne plus précisément vers les virus respiratoires comme le virus respiratoire syncytial, à l’époque peu étudié. Madame Grandvaux souhaite alors comprendre le fonctionnement des réponses antivirale et pro-inflammatoire dans les cellules épithéliales, les premières cellules à être infectées.

Encore aujourd’hui, la chercheuse, qui est également cofondatrice de la Société canadienne pour la virologie, tente de comprendre la balance entre ces deux types de réponses et, ultimement, d’identifier des molécules capables de rétablir cet équilibre. « Parfois, la réaction immunitaire face à une infection est si exacerbée qu’elle devient plus dangereuse que le virus lui-même. C’est ce qu’on appelle la “tempête inflammatoire”, lorsque le système immunitaire s’emballe et ne parvient plus à distinguer correctement l’ennemi à combattre des cellules saines. »

Ce que Nathalie Grandvaux ne savait pas, c’est qu’en 2020 ce sujet d’étude précis permettrait d’avoir une longueur d’avance dans la compréhension du nouveau coronavirus. « En ce moment, c’est étrange pour moi, car tout ce qui est discuté dans les médias, c’est exactement ce que nous faisons depuis 15 ans. »

Car le but de ses recherches demeure le même : identifier des mécanismes cellulaires à cibler pour favoriser la réponse antivirale et limiter la réponse inflammatoire. Seulement qu’il s’applique actuellement au virus engendrant une pandémie d’une ampleur inédite. « Mon équipe et moi n’avons pas réorienté nos recherches, nous avons plutôt inclus le SARS-CoV-2 à notre liste de virus respiratoires à l’étude. »

Un défi, mais de l’optimisme

Bien que Nathalie Grandvaux et ses collègues se spécialisent en virus respiratoires, le SARS-CoV-2 parvient à les rendre perplexes, en raison de sa singularité. Le coronavirus possède de nombreuses particularités qui le distingue des autres virus respiratoires, notamment des symptômes très variables, une atteinte multisystémique et une mortalité touchant particulièrement les personnes âgées. « Nous ne comprenons toujours pas pourquoi les aînés sont si visés, alors que les enfants ne le sont pas. Normalement, un virus respiratoire atteint de façon plus marquée les personnes dont le système immunitaire est plus faible, et les enfants font partie de ce groupe. »

Malgré ces questions sans réponse et les délais serrés, Nathalie Grandvaux reste toutefois optimiste quant au développement d’un potentiel antiviral à large spectre. À cet effet, elle salue les investissements en recherche, la grande coopération internationale et la collégialité entre les chercheurs. « Actuellement, je vois beaucoup plus de collaboration que de compétition. J’espère que c’est une leçon que nous pourrons tirer de cette situation. »

Pour accroître son impact, la chercheuse est également co-directrice du Réseau québécois COVID pandémie, mis sur pied par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) afin de coordonner les efforts de recherche menés au Québec pendant la pandémie. Ce réseau vise aussi à garder une trace de la situation actuelle afin d’être mieux outillé pour une éventuelle crise future.

« Il y a énormément de volonté dans le milieu académique et dans la société en général. Nous devons tout de même repenser le mode de fonctionnement de notre société pour assurer la pérennité de nos efforts actuels. »

 

Mai 2020

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

Affiliation principale

Lieu de travail

Centre de recherche du CHUM 

Disciplines de recherche

– Virologie
– Immunologie
– Biochimie

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