Le département de médecine de famille et de médecine d’urgence a récemment mis en place, en collaboration avec d’autres facultés (sciences infirmières et pharmacie) et départements de l’Université de Montréal, une quinzaine d’Unités de formation clinique interprofessionnelles universitaires (UFCI-U) pour les soins à domicile ou en CHSLD. Les retombées positives de ce projet unique et innovant se font déjà sentir, à tel point que le ministère de la Santé et des Services sociaux désire étendre le projet de l’UdeM à l’ensemble de la province.
« Nous entendons souvent parler de problèmes de soins qui touchent nos aînés. Devant cette situation, nous avons la responsabilité sociale d’agir et d’apporter des solutions efficaces. C’est précisément ce que la mise en place de ces unités d’enseignement nous apporte. Elles viennent offrir des services de qualité auxquels les personnes âgées sont en droit de s’attendre de leurs soignants », de déclarer la doyenne Hélène Boisjoly.
Des retombées immédiates
Actuellement, une quinzaine de ces unités d’enseignement sont en place et 15 autres sont à venir sur les territoires du RUIS de l’UdeM partout au Québec d’ici la fin de l’année en cours. Déjà les retombées se font sentir : plusieurs des résidents en médecine de famille qui y sont formés s’y intéressent au point de choisir d’y consacrer une partie de leur pratique. Au sortir de ces unités, grâce au travail d’équipe auquel ils ont été préparés, ils adaptent leurs traitements au niveau d’intervention médicale souhaitée par la personne âgée (ou son proche aidant en cas d’inaptitude), soignent sur place des maladies chroniques en phase aiguë et chronique, révisent la médication (moins de médicaments, moins d’effets indésirables), interviennent pour maintenir une bonne qualité de vie de la façon la plus sécuritaire possible et assurent une disponibilité rapide en cas de détériorations aiguës pour éviter le recours à l’urgence.
Répondre aux besoins du patient dans une approche de partenariat
La plupart des aînés souhaitent demeurer et recevoir des soins dans leur milieu de vie et éviter autant que possible la salle d’urgence et l’hospitalisation. Le fait de les soigner en équipe et chez eux permet d’intervenir de façon plus efficace et de mieux répondre à leurs besoins aux plans physique, psychologique et social, puisque l’on connaît leur environnement, leur réseau de soutien et les ressources dont ils disposent.
Avant la création de ces unités de formation, les étudiants, les médecins de famille et les autres professionnels de la santé et des services sociaux du Québec étaient très peu, voire pas du tout, exposés à la pratique en milieu de vie.
Autre fait innovant, le projet introduit une approche interprofessionnelle qui inclut notamment des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux, des nutritionnistes, des pharmaciens et des spécialistes de la réadaptation afin de répondre aux besoins du patient de manière globale grâce à une approche collaborative.
Le projet vise aussi à favoriser la participation active des aînés et de leurs proches dans la prise de décision les concernant. Leurs compétences et leur expérience sont reconnues et mises à profit. Ils font maintenant partie de l’équipe de soins à titre de patient partenaire, ce concept reconnu et déjà bien intégré à la formation médicale et dont l’UdeM est aussi un des principaux instigateurs.
Comment fonctionne une unité d’enseignement interprofessionnelle à domicile et de longue durée?
Des résidents en médecine de famille et des stagiaires en travail social, pharmacie, sciences infirmières, réadaptation, nutrition apprennent sur le terrain à soigner une centaine d’aînés vulnérables qui vivent à domicile ou en CHSLD. Avec leurs superviseurs de stage, ils assurent un suivi 24 heures par jour, 7 jours sur 7. Ils apprennent à intervenir rapidement en cas de détérioration aiguë pour assurer la sécurité des patients, et ce, parfois jusqu’au décès, dans le cas d’une fin de vie.
Des activités d’apprentissage en équipe avec les autres professionnels, le patient, et ses proches aidants sont intégrées au travail clinique (révision de la médication, plan d’intervention, évaluation et suivi des symptômes comportementaux et psychologiques associés aux troubles cognitifs). Certains patients et leurs proches sont d’ailleurs formés afin de pouvoir participer activement à ces activités, pour être prêts à proposer des solutions reliées à leurs besoins et à leur expérience de vie avec la maladie.
Les stagiaires de toutes professions se répartissent entre eux les tâches de façon efficace, selon leurs compétences. Personnes âgées, proches, professionnels de la santé, stagiaires : tous réfléchissent ensemble pendant et après ces activités pour coordonner le travail dans l’intérêt du patient.
Des milieux d’enseignement inspirants
Ces unités d’enseignement à domicile et en longue durée deviennent des lieux de pratiques exemplaires, inspirants pour tous. Enfin, grâce à elles, les soins à domicile et les soins en CHSLD retrouveront au Québec leurs lettres de noblesse en contribuant à la qualité de vie des patients, tout en favorisant le désengorgement des urgences.
À terme, c’est plus d’une trentaine d’UFCI-U qui seront installées dans les centres de santé de Montréal, de Laval, des Laurentides, de la Montérégie, de Lanaudière, de l’Abitibi et de la Gaspésie.