Luis Barreiro

La bonne voie

Lorsqu’on lui demande ce qu’il aurait fait comme métier s’il n’avait pas été scientifique, Luis Barreiro ne sait que répondre. « Honnêtement, je m’imagine mal faire autre chose, admet le spécialiste de l’évolution des réponses immunitaires entre les individus et les différentes populations humaines ainsi qu’entre les espèces. La science, c’est ce qui me passionne, c’est ce qui me motive et c’est là-dedans que je suis bon. » Le jeune homme de 34 ans n’est d’ailleurs pas le seul à penser qu’il a choisi la bonne voie puisqu’il figure dans le palmarès des 40 chercheurs de moins de 40 ans les plus prometteurs récemment publié par le prestigieux magazine Cells afin de souligner son 40e anniversaire.

C’est en mettant les pieds dans un laboratoire pour la première fois à la fin de ses études de deuxième cycle en biotechnologie à l’Université de Lisbonne dans son Portugal natal que Luis Barreiro a découvert sa vocation. Une fois son diplôme en poche, il décroche un stage de six mois sur la génétique des mycobactéries à l’Institut Pasteur, à Paris. « Quelques semaines avant mon départ, la chercheuse avec qui je devais faire mon stage m’a écrit un courriel pour me proposer de travailler d’abord avec son collègue Lluis Quintana-Murci, un expert de la génétique humaine des populations, se souvient-il. J’ai accepté et, finalement, je suis resté cinq ans là-bas pour effectuer un doctorat dans ce domaine. »

Ses études doctorales complétées, M. Barreiro prend la direction de l’Amérique, plus précisément celle du Département de génétique humaine de l’Université de Chicago, où il réalise un postdoctorat en génomique fonctionnelle. « Durant ma thèse, qui était assez théorique, j’ai essayé de comprendre l’évolution et la diversité du système immunitaire sur le plan de l’ADN au sein de diverses populations humaines, explique-t-il. Au cours de mon stage postdoctoral, j’ai voulu établir un lien entre les variations découlant de la sélection naturelle et les différences sur le plan des réponses immunitaires et de la sensibilité aux maladies. »

La science, c’est ce qui me passionne, c’est ce qui me motive et c’est là-dedans que je suis bon.

Ce thème est aujourd’hui au cœur du travail de Luis Barreiro au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, auquel il s’est joint en 2011. « Le projet principal de mon labo, c’est vraiment d’identifier et de définir les bases génétiques des variations derrière les différences de réponses immunitaires entre les individus et les populations humaines », résume celui qui s’est installé au Québec après avoir cofondé la Montreal Spring School of Population Genomics and Genetic Epidemiology, une formation annuelle qui, comme son titre le laisse deviner, vise le développement de disciplines comme la génomique des populations, l’épidémiologie génétique et la bio-informatique.

Si l’équipe de M. Barreiro compte parmi les deux ou trois groupes au monde à s’intéresser aux réponses immunitaires et à leurs bases génétiques, elle est la seule à explorer cette question entre les différentes espèces de primates. « L’idée, c’est de trouver des mécanismes immunitaires qui sont spécifiques à l’homme afin de comprendre pourquoi celui-ci réagit différemment par rapport à certains virus ou bactéries », indique celui qui enseigne aussi au Département de biochimie et de médecine moléculaire de l’Université de Montréal. Parmi les autres projets du chercheur figurent également une étude visant à vérifier l’hypothèse selon laquelle l’apparition de l’agriculture a changé le rapport des êtres humains avec les pathogènes ainsi que deux collaborations avec les National Institutes of Health des États-Unis, dont l’une portant sur l’impact de la position sociale sur les réponses immunitaires.

Malgré le côté essentiellement fondamental de ses recherches, Luis Barreiro croit qu’elles pourraient un jour servir à améliorer les soins. « Si nous arrivions à créer un catalogue des variations génétiques expliquant les différences de réponses immunitaires, nous pourrions prédire comment un individu réagira à une maladie ou à un vaccin donné simplement en analysant son génome, illustre-t-il. Peut-être que mes études déboucheront sur cela, mais à très long terme. »

Même si son cerveau est branché « 24 heures sur 24 » sur son travail, M. Barreiro aime bien prendre une pause de temps à autre en jouant au football ou en cuisinant. « Pour le foot, ça va de soi, je suis Portugais, lance en riant le chercheur, qui est aussi papa d’une petite fille. Quant à la cuisine, j’adore ça. En fait, maintenant que j’y pense, si je n’avais pas été scientifique, je pense que j’aurais tenté ma chance comme chef cuisinier. »

 

Août 2014
Rédaction : Annik Chainey

Affiliation principale

Lieu de travail

CHU Sainte-Justine

Disciplines de recherche

Maladies inflammatoires et auto-immunitaires

Chercheuses et chercheurs reliés