Trois heures suffisent pour prévenir les problèmes de santé mentale chez les ados

L’incidence des problèmes de santé mentale chez 509 jeunes Britanniques a été réduite de 25 à 33 % sur une période de 24 mois à la suite de deux séances de groupe de 90 minutes, selon une étude menée par Patricia Conrod, professeure sous octroi agrégée au Département de psychiatrie et de son Centre de recherche du CHU Sainte-Justine affilié. « Près d’un Américain sur quatre entre 8 et 15 ans a éprouvé un trouble de santé mentale au cours de la dernière année. Nous savons que ces troubles sont associés à une multitude de conséquences néfastes, explique Dre Conrod. Notre étude indique que les interventions menées par des enseignants qui ciblent des facteurs de risque de problèmes mentaux peuvent être extrêmement efficaces pour réduire l’incidence de la dépression, de l’anxiété et des problèmes de comportement à long terme. »

Dix-neuf écoles du Grand Londres ont participé à l’étude. Les risques des élèves de développer un problème de santé mentale ou de toxicomanie ont été évalués à l’aide d’une échelle de personnalité établie. Cette échelle mesure les différents facteurs de personnalité qui sont reconnus pour avoir un lien étroit avec les problèmes de comportement. Par exemple, une personnalité plus impulsive est cinq fois plus susceptible de développer des problèmes importants de comportement au cours des 18 prochains mois. Les chercheurs se sont concentrés sur l’impulsivité, le désespoir, la sensibilité à l’anxiété, et la recherche de sensations fortes. Les écoles qui faisaient partie du groupe d’intervention ont été formées pour intervenir auprès des élèves à risque, alors que le groupe d’écoles « contrôles » ne l’était pas. Les deux séances d’intervention comprenaient des stratégies de thérapies cognitivo-comportementales pour apprendre à gérer leur propre profil de personnalité.  Durant les interventions, les jeunes ciblés discutent de scènes de vie réelles vécues par d’autres adolescents. Les membres des groupes partageaient leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements selon leur type de personnalité. En collaboration avec des intervenants scolaires, les jeunes apprenaient àidentifier les facteurs déclencheurs de ces émotions par exempleet exploraient des façons de gérer ces problèmes.

Dans les deux années qui ont suivi les interventions, les élèves ont rempli un questionnaire tous les six mois qui a permis aux chercheurs de déterminer l’évolution des problèmes de dépression, d’anxiété, de comportement, des crises de panique et des pensées suicidaires.  Les effets ont été très importants sur le plan clinique, avec une réduction de 21 à 26 % des symptômes de dépression, d’anxiété et de problèmes de comportement au cours de l’essai. Les chances d’éprouver de graves problèmes de comportement chez les adolescents avec un niveau élevé sur l’échelle d’impulsivité ont été réduites de 36 %. De même, chez les adolescents avec un niveau élevé sur l’échelle de sensibilité à l’anxiété, les chances d’éprouver de graves problèmes d’anxiété ont été réduites de 33 %. On a constaté une baisse semblable des symptômes de dépression grave chez les adolescents avec un niveau élevé sur l’échelle du désespoir comparativement aux jeunes avec le même problème, mais qui n’avaient subi aucune intervention. « Les interventions ont été réalisées par des pédagogues professionnels et on constate que cette brève intervention peut être aussi efficace que durable lorsqu’elle se déroule dans le système scolaire, explique Dre Conrod. Nous avons maintenant entrepris une étude similaire dans 32 écoles secondaires à Montréal pour évaluer davantage l’efficacité de ce type de programme. »

Les écoles qui souhaitent prendre part à cette étude peuvent visiter le site Web du projet : www.co-venture.ca.

Personne-ressource auprès des médias
William Raillant-Clark
Attaché de presse à l’international
Université de Montréal
Tél. : 514 343-7593 | w.raillant-clark@umontreal.ca | @uMontreal_News

À propos de cette étude :
L’Université de Montréal et l’hôpital Sainte-Justine qui lui est affilié portent le nom officiel de Université de Montréal et de Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Cette étude a été appuyée par Action on Addiction, le Fonds National de Recherche (FNR) du Luxembourg, le Centre de Documentation et d’Information sur l’Enseignement Supérieur (CEDIES) du Luxembourg, le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQ-S), la European Research Advisory Board, le Medical Research Council and Economic and Social Research Council, les Instituts de recherche en santé du Canada, le National Institute for Health Research Biomedical Research Centre for Mental Health, et le Maudsley National Health Service Foundation Trust.

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