Les directeurs proposent cinq pistes de solutions pour améliorer l’accès aux médecins de famille
Les quatre directeurs de département universitaire de médecine de famille prévoient que le projet de loi 20 nuira aux patients en réduisant la relève et donc la quantité et la qualité des soins offerts.
C’est ce qu’ils ont affirmé aujourd’hui dans leur mémoire présenté aux audiences de la Commission de la santé et des services sociaux sur le projet de loi 20. Les directeurs maintiennent que le manque d’accessibilité aux services de médecine familiale et de première ligne est un problème réel et ils souscrivent aux objectifs visés par le PL20. Ils constatent, toutefois, que les moyens ciblés par le ministre pour remédier à ce problème ne sont pas viables et proposent des solutions de rechange qui répondraient aux besoins de la population non seulement d’aujourd’hui, mais aussi de demain.
Les directeurs de département craignent que le projet de loi rende impossible la conciliation des missions d’enseignement et de pratique médicale qui sont confiées aux médecins de famille enseignants et que l’imposition de nombres minimaux de patients dont ils devront assurer le suivi mette en péril l’atteinte des cibles de diplomation des facultés de médecine pourtant fixées par le gouvernement. En plus d’assurer la formation de la relève en médecine de famille, les médecins de famille sont aussi responsables de la formation d’une grande partie des étudiants en 1re, 2e et 3e année de médecine, et ce, peu importe leur spécialisation future, dans une proportion variant, dans chaque faculté, de 20 à 60 %.
Toujours selon les directeurs, le système de pondérations de patients que le ministre envisage d’implanter par règlement pourrait difficilement tenir compte de toute la complexité de la réalité de l’enseignement. « Ce système sera lourd, compliqué à gérer, et ne pourra prendre en considération toute la gamme de situations complexes auxquelles nous avons à faire face sur le terrain, notamment en raison des besoins variables de nos clientèles et du type d’enseignement à prodiguer », affirme Dr Jean Pelletier de l’Université de Montréal.
« Nous formons actuellement dans nos facultés une relève compétente et motivée à servir la population. Ce système de calcul risque de compromettre grandement tout ce que nous avons mis en place ces dernières années pour rendre plus attrayante la médecine de famille auprès de nos étudiants », poursuit Dr Guy Béland de l’Université Laval.
Les solutions proposées
Afin d’améliorer l’accessibilité à des soins de qualité au Québec, les signataires du mémoire proposent cinq pistes de solutions. Ils suggèrent, entre autres, d’implanter un système d’accès adapté appelé Accès aux soins en temps opportun, pour augmenter le nombre de patients vus dans les unités de médecine de famille (UMF). « Cette façon d’organiser les horaires permet de voir les patients qui en ont besoin au moment où ils en ont besoin et elle a déjà fait ses preuves dans certains endroits au Québec et dans d’autres provinces canadiennes », affirme Dre Marie Giroux de l’Université de Sherbrooke.
Parmi les solutions présentées, ils proposent également de former tous les finissants des programmes de médecine de famille en accès adapté afin qu’ils puissent contribuer rapidement et efficacement à la prise en charge d’un plus grand nombre de patients. D’ici trois ans, 1 000 diplômés supplémentaires seront formés et pourraient pratiquer en accès adapté. Ils sensibiliseraient à leur tour leurs collègues à cette méthode efficace et formeraient les futurs étudiants.
« Nous reconnaissons la gravité des problèmes d’accessibilité vécus au Québec. En effet, la responsabilité sociale ainsi que l’approche globale des patients que nous soignons sont au cœur des valeurs de notre profession », selon Dr Howard Bergman de l’Université McGill. « Les médecins enseignants jouent un rôle déterminant et primordial en ce qui concerne l’accessibilité aux soins offerts par un médecin aux Québécois et Québécoises. Notre rôle principal, comme département, est de former la relève en médecine de famille et en médecine d’urgence, et ce, en nombre suffisant pour répondre aux besoins de la population ».
Rappelons qu’actuellement 3 300 médecins de famille contribuent à la formation médicale au Québec et que 800 d’entre eux sont dans l’une ou l’autre des 48 unités de médecine de famille (UMF). Au cours des 10 dernières années, le nombre d’entrées en résidence en médecine de famille a doublé. Ce sont ces excellents résultats atteints notamment grâce au travail des facultés de médecine qui sont mis en péril par le projet de loi 20.
Source
Faculté de médecine de l’Université de Montréal
Information
Université de Montréal
Louis Tremblay 514 466-0323
Université McGill
Cynthia Lee 514 398-6754
Université Laval
Geneviève Bhérer 418 905-1598
Université de Sherbrooke
Jean-François Duval 819 821-8000, poste 72581