Détenteur d’un B.A. en études russes, formation en physiologie, puis finalement d’une maîtrise et doctorat en pédagogie universitaire, le parcours de ce Chilien d’origine récemment reçu professeur adjoint au Département de médecine de famille et médecine d’urgence est des plus intéressants.
Qu’est-ce qui vous a amené à la pédagogie médicale?
Après des études en russe et un séjour dans l’ex-URSS, je suis revenu à Montréal avec un réel désir d’étudier la médecine. J’ai donc amorcé des études en physiologie dans l’espoir de m’ouvrir des portes, mais malheureusement sans succès. C’est alors que mon père, enseignant à l’UdeM, m’a suggéré des études en sciences de l’éducation. La rigueur scientifique acquise pendant mes études en physiologie me fut et m’est encore fort utile aujourd’hui.
Quels changements observez-vous dans l’enseignement de la médecine?
Il faut dire que la pédagogie médicale c’est le « paradis terrestre pour les professionnels de l’éducation ». Il y a beaucoup d’innovation. C’est un milieu très dynamique et il y a une très bonne collaboration. Je travaille au sein du CPASS depuis 2010 et je peux dire que la pédagogie médicale a changé énormément. Grâce à l’approche par compétences, on vise maintenant à former des médecins capables de montrer davantage leur humanité. On a agrandi les cibles d’apprentissage, en plus de développer un raisonnement clinique, on cherche à développer les compétences de communicateurs et le sens de la collaboration avec d’autres professionnels de la santé et même avec le patient.
Quels sont les sujets les plus innovants en matière de recherche en pédagogie selon vous?
L’intégration des patients dans le processus de soins et dans la formation des professionnels, la fameuse approche de partenariat patient, est une grande innovation. Cela personnalise l’expérience d’apprentissage. C’est ce que j’appelle la contextualisation et cela apporte beaucoup de richesse à l’expérience d’apprentissage.
Une autre innovation est la mise sur pied d’un programme de formation à la collaboration dans les différents programmes en sciences de la santé ici à l’UdeM dont les cours sont animés par des professionnels de la santé et des patients enseignants. C’est une approche vraiment innovante, car elle ne se fait nulle part ailleurs dans le monde.
La formation par concordance, développée dans notre faculté par le Dr Bernard Charlin, nous démarque aussi. Dans cette approche, on puise le savoir expérientiel de l’étudiant et on valide ensuite la concordance entre les réponses et les explications d’experts dans différents domaines de la médecine. C’est une approche où il n’y a pas de bonne réponse et qui introduit les étudiants à l’incertitude inhérente à la profession médicale. Nous travaillons actuellement à introduire cette approche en formation continue des médecins en exercice.
Le mentorat patient, une activité pédagogique ou un patient mentor est jumelé à quatre ou cinq étudiants des sciences de la santé pour aider le futur soignant à comprendre comment le processus de soins est vécu par le patient, est aussi une grande tendance du moment.