La révolution clinique du 19e siècle et l’évolution de la chirurgie exigent des apprentis médecins une connaissance de l’anatomie humaine plus approfondie qu’auparavant. Au Québec, comme ailleurs, l’anatomie est devenue une des bases essentielles de l’étude de la médecine, au point qu’elle constitue une des conditions de la réussite des examens de fin d’études, laquelle assure l’obtention de la licence de la pratique médicale et chirurgicale.
La demande en cadavres est donc forte, notamment à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal : chaque étudiant, durant ses études, peut en effet disséquer une centaine de cadavres, une pratique jugée nécessaire pour réussir les examens. En conséquence, deux solutions s’offrent à eux : acheter des cadavres à des revendeurs, dénommés « résurrectionnistes », ou s’approvisionner soi-même dans les cimetières de la ville. Cependant, opter pour cette dernière solution peut faire encourir des risques non négligeables (amende, voire un séjour en prison). Or, c’est souvent le seul moyen de se procurer des cadavres, surtout pour les étudiants francophones qui n’ont pas les moyens de se procurer ces précieuses dépouilles dont le coût varie entre 40 $ et 50 $.
En 1882, un étudiant de l’école est envoyé à Trois-Rivières en raison d’une pénurie de sujets à disséquer. Les cimetières montréalais sont étroitement surveillés à la suite de plusieurs vols de cadavres commis durant les décennies précédentes. Le journal Le Canadien publiait même un avis aux étudiants en médecine : « après huit heures, au cimetière, on tire. » L’étudiant, aidé de quelques amis locaux, réussit aisément à obtenir un corps fraîchement enterré.
Capsule créée par Denis Goulet