Déclin cognitif associé à l’âge : quand l’entraînement physique et cognitif font bon ménage

Activité physique, stimulation cognitive, interactions sociales et alimentation saine : voilà les grandes recommandations actuelles pour prévenir le déclin cognitif associé au vieillissement et, éventuellement, la démence.

Or, aucune étude à ce jour n’avait clairement montré l’avantage de combiner ces approches tout en contrôlant l’effet placebo. Par exemple, pouvons-nous décupler les effets bénéfiques de l’exercice physique en la conjuguant à l’entraînement cognitif?

Tel est le questionnement auquel a voulu répondre une équipe de chercheurs menée par Louis Bherer, professeur titulaire au Département de médecine et chercheur au Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal et au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Dans une étude récemment publiée dans The Journals of Gerontology, l’équipe révèle qu’allier un programme d’activité physique aérobique et musculaire à un programme informatisé de stimulation cognitive a un impact supérieur sur la cognition que chacune des approches adoptées de façon isolée.

« Nos résultats ont clairement démontré l’effet synergique des deux interventions, particulièrement sur la capacité de faire deux tâches en même temps, une habileté qui est très sensible au vieillissement », explique monsieur Bherer.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont étudié environ 130 personnes âgées en moyenne de 70 ans présentant des faiblesses cognitives normales liées à l’âge. Ils leur ont aléatoirement assigné une de ces conditions : entraînement physique seul, entraînement cognitif seul sur tablette où l’on demande d’exécuter deux actions simultanément et combinaison des deux approches. L’originalité de cette étude était d’offrir un programme placebo pour chacune des interventions, de sorte que tous les participants complétaient le même nombre de séances.

Une meilleure capacité d’attention

Plus spécifiquement, monsieur Bherer et son équipe ont conclu que seuls les individus appartenant au groupe ayant combiné les deux programmes ont montré une amélioration de la « capacité à maintenir un état d’attention divisé en faisant plusieurs tâches en même temps ».

« Lorsque nous faisons deux tâches, le cerveau doit maintenir des alternatives de réponses, c’est-à-dire avoir en tête tous les schémas de réactions possible. Par exemple, quand nous conduisons, nous ne savons pas exactement quelle sera la prochaine action à exécuter; faudra-t-il freiner brusquement pour éviter un piéton, tourner à gauche dans un détour, etc. Il faut donc cette capacité de garder en mémoire de travail des alternatives de réponses. »

La mémoire de travail décrit une mémoire à court terme permettant de stocker et de manipuler temporairement des informations afin de réaliser une tâche particulière, comme le raisonnement, l’apprentissage et la compréhension.

Le chercheur ajoute que cette capacité est extrêmement sollicitée dans la gestion de deux actions simultanées et que, très souvent, les personnes âgées se plaignent de difficulté à partager leur attention à différentes sources. « Sur le plan cognitif, c’est demandant, puisque ça nécessite de la vitesse d’exécution et de la concentration. C’est ce ralentissement de la cognition et de l’agilité mentale qui a une incidence importante sur la qualité de vie des aînés. »

Privilégier des approches multimodales

Aux yeux de Louis Bherer, les résultats de cette étude témoignent de l’importance de valoriser des approches holistiques en matière de prévention de la démence et des troubles cognitifs associés à l’âge.

« Combiner différents types d’interventions aurait de meilleurs effets pour prévenir ce type de déclin cognitif. En parallèle, les aînés doivent, bien sûr, avoir une saine gestion de leur santé, ce qui passe aussi par le contrôle des maladies chroniques, le cas échéant, et les approches préventives en santé cardiaque. Et c’est encore plus vrai au Québec, une des rares sociétés au monde où la proportion de gens âgés de 65 ans et plus dépasse celle des 14 ans et moins. »

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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