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Deux étudiantes-athlètes unies par leurs passions : la médecine et le ski alpin

 

« Une fois entré en médecine, le but c’est d’étudier fort, de bien connaître les pathologies, etc., mais c’est surtout d’essayer d’être le meilleur médecin que l’on peut. Je ne pense pas que le meilleur médecin au monde c’est celui qui a 100 % dans tous les cours… Ce qu’on aimerait véhiculer comme message, c’est l’importance de faire de son mieux sans perdre l’équilibre d’une vie saine. »

Adrienne Poitras
Sandrine David (jusqu’en 2017)

Programme : médecine
Sport : Ski alpin (slalom, slalom géant)

Profil Carabins (Adrienne)

Adrienne Poitras et Sandrine David étaient de grandes amies avant d’être admises au programme de médecine. Membres des Carabins de l’Université de Montréal dans l’équipe de ski alpin, elles suivent un parcours similaire depuis l’adolescence et leur histoire se poursuit toujours : quand elles ne sont pas en classe, à l’hôpital ou en entraînement, elles passent leur été à enseigner le ski nautique dans un club de leur région!…

Parlez-nous de votre amitié. Est-elle à l’origine de votre sport ou de vos études?

A. On skiait sur le même circuit, dans la région des Laurentides. Même si l’on n’était pas au même club de ski, on se croisait aux mêmes courses. Deux ou trois années plus tard, on s’est jointes à la même équipe.

S. En plus de faire du ski alpin l’hiver, on avait aussi le ski nautique l’été, donc on se voyait souvent. Je dirais que notre complicité s’est développée au Collège André-Grasset. Étant donné qu’Adrienne est plus jeune que moi d’un an, j’y étais déjà. Elle est arrivée et c’est à ce moment-là qu’on a été coéquipières dans l’équipe du Québec en ski alpin. C’était un programme très intense, qui ressemblait au programme Sport-études, mais axé davantage sur le sport. On le faisait pour essayer d’avancer le plus possible notre cégep afin de pouvoir entrer en médecine directement. André-Grasset était le seul cégep qui nous permettait de faire nos camps d’entraînement et qui acceptait que l’on puisse s’absenter aussi souvent. Par exemple, Joannie Rochette, athlète en patin artistique, a aussi fait ce programme-là parce que c’était le seul qui lui permettait de compétitionner souvent à l’international.

D’où vous vient votre désir d’étudier en médecine?

A. Même très jeune, j’y pensais déjà. Je ne sais pas vraiment pourquoi, étant donné que personne dans ma famille est médecin. Peut-être que je passais trop de temps à l’hôpital à cause des blessures sportives! Mais honnêtement, j’ai toujours eu ce désir. En ce moment, je ne sais pas encore exactement vers quelle spécialité je me dirigerai, parce qu’avant de faire l’externat c’est plus difficile de s’orienter.

S. Moi non plus je n’ai personne dans ma famille qui est médecin, ils sont tous comptables! Actuellement, ce qui m’intéresse beaucoup c’est la médecine familiale. J’aime tous les stages. Dans le milieu, aimer tout, c’est un peu avoir le syndrome de la médecine familiale… Avec les stages d’externat, on a la chance d’expérimenter différentes choses et de voir ce qui nous convient le mieux.

Sur quel plan et dans quels moments votre lien d’amitié vous aide à persévérer?

A. C’est surtout sur le plan scolaire, je crois. Faire partie d’une équipe d’élite c’est vraiment épuisant parfois, parce qu’on est toujours en ski et beaucoup sur la route. Quand on était sur l’équipe du Québec, plusieurs filles n’étaient pas aux études alors ça pouvait être très difficile de se motiver. Le fait d’être avec Sandrine sur l’équipe m’aidait vraiment beaucoup. Il est arrivé que l’on ait un cours de biologie ensemble et quand il fallait étudier pour un examen, c’était encourageant et stimulant d’être avec quelqu’un dans la même situation. Par rapport au ski, je pense que la propension à se donner au maximum est plutôt innée!

S. Effectivement, pour le ski je pense que la motivation part de loin au fond de nous-mêmes, c’est plus naturel et instinctif. Quand tu vis un moment intense de fatigue et une période hyperoccupée, c’est rassurant de sentir que ton amie/coéquipière vit aussi les mêmes inquiétudes. En devenant membres des Carabins en même temps, on pouvait s’encourager tant au niveau des études qu’au niveau du sport. Par exemple, l’année dernière on a participé aux championnats universitaires mondiaux au Kazakhstan (Universiade d’hiver 2017). Adrienne était en année préparatoire, moi j’étais en deuxième année du préclinique et c’était juste avant la période des examens intra. On était carrément à l’autre bout du monde, on vivait une super belle expérience et l’on skiait dans des endroits magnifiques. Par contre, on était tellement fatiguées que ça prenait énormément de volonté pour étudier le soir. Dans ces contextes, juste de savoir qu’on est deux et qu’on peut se pousser tant à étudier qu’à descendre sur les pentes de ski ça aide beaucoup. Je pourrais dire que l’année 2017 a été remplie de succès pour nous et c’est à cette belle complicité que je l’attribue.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez et comment parvenez-vous à les surmonter?

A. Étudier la médecine ça peut rendre fou si l’on ne sait pas comment faire pour décrocher. Il y a tellement de choses à apprendre et il peut y en avoir toujours plus et à l’infini. C’est nécessaire de prendre des moments de recul. Quand je fais du ski, je ne peux pas penser à autre chose et c’est là que je trouve mon équilibre.

S. Pour ma part, faire un sport c’est nécessaire à ma réussite scolaire. Il y a des moments où l’on est exténuées et que ça va moins bien, mais avoir une motivation externe qui oblige à faire les lectures à temps pour un examen et aller faire une compétition ou être présente à un entraînement important, c’est ce qui aide à garder notre concentration. Je pense que c’est la plus-value de ce double engagement.

Comment fonctionne un entraînement de ski alpin 12 mois par année?

A. Je dois avouer que les études en médecine et le ski alpin, ce n’est pas tellement compatible. La particularité des Carabins ski alpin, c’est qu’il faut faire deux heures de route pour s’entraîner, alors si on a un examen le lendemain il faut faire un choix. Les entraineurs le savent et ils sont flexibles, c’est certain qu’on ne peut pas être à tous les entraînements. Ça demande de l’organisation parce qu’on fait beaucoup de route et on passe souvent nos étés et nos automnes ailleurs qu’au Québec. Pour faire de la vitesse en ski comme je faisais sur l’équipe du Québec, c’est difficile de trouver des lieux pour ce type d’entraînements. Il n’y a rien qui peut reproduire un mouvement de ski alpin, donc on est constamment en recherche de neige et de montagnes! L’été et durant les mois les plus calmes pour la compétition, on se garde actives; on est dans un club de vélo au Mont-Tremblant, on court et on enseigne le ski nautique ensemble. On est un peu hyperactives… Il y a bien sûr le CEPSUM pour le cardio, la musculation et pour une mise en forme plus générale.

S. Il faut définitivement voyager avec le ski et c’est ce qui fait qu’on a pu voir des endroits incroyables. C’est le bon côté de pratiquer ce sport, mais en même temps c’est ce qui est demandant et pas toujours pratique. Les soirs de semaine durant l’hiver, on est au Mont Saint-Sauveur et parfois au Mont-Tremblant. À l’automne, ce sont des entraînements plus ciblés avec des programmes de musculation parce qu’on est plus près des entraineurs. C’est certain que c’est demandant en termes de temps, mais quand je pense qu’on a réussi à faire nos études collégiales ensemble Adrienne et moi, en étant majoritairement à l’extérieur, je me dis encore : « wow, c’est vraiment cool qu’on ait pu faire ça! »

Sandrine, tu as décidé de quitter l’équipe des Carabins en 2017?

J’ai pris ma retraite! J’ai accroché mes skis pour me concentrer sur mes études. Ça devenait plus compliqué avec les stages à l’hôpital et je sentais que c’était le temps. Je suis super contente de voir encore Adrienne dans l’équipe des Carabins. J’ai la chance de pouvoir regarder ses performances à cause des sites de retransmission en direct et je pense que je suis encore plus stressée qu’elle pendant ses descentes!

Quelles recommandations pourriez-vous donner à un athlète qui prévoit faire ses études en médecine?

A. Trouvez-vous un ami (rires)! Sérieusement, je pense que c’est nécessaire d’avoir quelque chose d’autre quand tu fais des études supérieures ou n’importe quoi qui demande un engagement aussi exigeant. En ayant un bon sens des priorités, il faut savoir trouver un équilibre. Ça permet de décrocher autant d’une activité que de l’autre. C’est extrêmement bénéfique pour la santé mentale.

S. C’est un défi par rapport à la gestion du temps et de l’énergie, mais ça vaut l’investissement. Ça prend une bonne capacité organisationnelle, mais c’est tellement un acquis précieux pour le futur. On insiste sur le fait que c’est une aide d’avoir quelque chose d’autre pour décrocher des études, mais c’est sûr qu’il faut aussi accepter de ne pas être parfait partout. On ne peut pas être perfectionniste. C’est important de se dire : « D’accord, si je fais une compétition internationale cette année, ça se peut que je ne sois pas la première sur le podium même si je fais de mon mieux. » Ce qui prime pour un sport individuel, c’est de donner le meilleur de soi-même, mais ce qui est super quand tu arrives dans une équipe universitaire comme les Carabins, c’est que ça devient un sport d’équipe! Parlant d’équipe, réussir ne se fait pas sans l’appui de bien des gens et on aimerait d’ailleurs Adrienne et moi, en profiter pour remercier nos entraîneurs, nos professeurs et nos parents qui ont rendu le tout possible. Ils continuent toujours de nous supporter et de nous encourager. Merci à vous tous!

 

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