Un clinicien-chercheur au cœur d’un nouveau traitement anticancéreux révolutionnaire

Une étude internationale a mené à la découverte d’une approche thérapeutique anticancéreuse unique en son genre, qui cible directement à la source la cause de la prolifération d’une vingtaine de cancers.

Cette médication, nommée larotrectinib, permet en fait de contrer la prolifération des cellules tumorales indépendamment du type de cancer. Plus précisément, elle s’attaque aux fusions du gène NTRK (récepteur tyrosine kinase de la neurotrophine) à l’origine de certains cancers, notamment des cancers du poumon, de la thyroïde, du côlon, du cerveau et des glandes salivaires, ainsi que le fibrosarcome infantile.

Le docteur Sébastien Perreault, clinicien-chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur adjoint de clinique au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, est l’investigateur principal de l’étude à Sainte-Justine, un des trois sites canadiens de l’étude sur le larotrectinib.

À titre de neuro-oncologue pédiatrique, le docteur Perreault est chargé de recruter les patients présentant un cancer avec fusions du gène NTRK et de les traiter. Cette étude s’inscrit dans les initiatives de Sainte-Justine pour mettre de l’avant des traitements avec des thérapies ciblées, qui sont reconnus pour leur efficacité et leur toxicité réduite.

« C’est un tout nouveau paradigme que nous ouvrons, s’enthousiasme le chercheur. En bloquant les signaux qui font progresser la tumeur, nous ciblons la source du cancer. C’est donc un traitement très spécifique et plus efficace que la chimiothérapie standard pour les patients avec fusions NTRK. »

Le docteur Perreault rappelle que la chimiothérapie affecte principalement les cellules qui se divisent rapidement, ce qui engendre de nombreux effets secondaires, comme une diminution des globules blancs, des plaquettes, etc. Avec le larotrectinib, comme il est plus ciblé, les effets secondaires sont évités et l’efficacité est accrue.

Des bienfaits cliniques probants

L’étude a démontré l’efficacité et la sécurité du larotrectinib sur le long terme chez des patients atteints de cancers porteurs de fusions du gène NTRK.

« Non seulement le traitement est efficace, mais la tolérance chez les patients est très bonne, ajoute le docteur Perreault. En moins de deux cycles, donc deux mois de traitement, nous avons vu chez les patients une réponse rapide, soit une diminution complète ou quasi complète de la tumeur, tant chez les enfants que les adultes. »

Selon le docteur Perreault, les données cliniques obtenues à ce jour sont « très encourageantes ». C’est d’ailleurs la première fois que Santé Canada homologue un traitement indépendant du type de tumeur.

Quel est le rôle d’un clinicien-chercheur?

Les cliniciens-chercheurs sont des médecins qui ont entrepris une formation supplémentaire en recherche et qui, en plus de leur travail dans le milieu clinique, consacrent une part substantielle de leur carrière à la recherche. Le rôle de ces médecins assumant une double fonction est essentiel au développement des connaissances en santé et à la mise au point de nouvelles méthodes diagnostiques, thérapeutiques et préventives.

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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