Comment éviter le recours aux antibiotiques?

Titulaire d’une chaire d’excellence en recherche du Canada, la microbiologiste Frédérique Le Roux veut s’attaquer aux maladies infectieuses d’origine bactérienne chez les espèces marines d’élevage.
Au milieu des années 2010, alors qu’elle étudiait les maladies des huîtres d’élevage dans sa Bretagne natale, la microbiologiste Frédérique Le Roux a eu un déclic professionnel.
Elle a réalisé qu’il existait un lien étroit entre l’émergence de pathogènes et la qualité de l’environnement marin. Dans son laboratoire de bord de mer, à la Station biologique de Roscoff, elle a constaté l’effet de l’anthropisation – l’adaptation des milieux naturels à l’activité humaine – sur la santé des espèces.
«Lorsqu’on travaille sur les pathogènes des espèces marines, on constate l’émergence de maladies causées par l’humain et, en tant que microbiologiste, on réfléchit à ce qu’on peut faire pour y remédier», explique celle qui est aujourd’hui professeure titulaire au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de la Faculté de médecine.
Elle poursuit: «À court terme, les techniciens tentent d’améliorer la qualité de la production et les règlementations peuvent viser à garantir que, lorsqu’elles surviennent, les maladies restent confinées à une zone géographique – grâce à une meilleure détection des agents pathogènes et à l’interdiction des transferts entre exploitations par exemple. Mais comme microbiologiste, ou plus précisément bactériologiste, j’ai dû prendre du recul et m’interroger sur la surconsommation d’antibiotiques dans ces élevages: comment éviter tout simplement de les utiliser?»
Sa question l’a conduite à s’intéresser au domaine des bactériophages, qu’elle va explorer maintenant qu’elle s’est installée à Montréal et qu’elle occupe un poste de professeure de microbiologie à l’Université de Montréal. Titulaire d’une chaire d’excellence en recherche du Canada (CERC) financée par le gouvernement fédéral à hauteur de huit millions de dollars, elle va, avec son équipe, consacrer les huit prochaines années à l’étude des Vibrio, les bactéries les plus couramment montrées du doigt dans la mort d’espèces marines en élevage, en particulier les huîtres.

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