Le chanteur canadien Gord Downie entame cet été une dernière tournée estivale avec le groupe Tragically Hip. Il est atteint d’un cancer au cerveau incurable, un gliome de grade 4, appelé aussi glioblastome multiforme. Difficile de prédire combien de temps il lui reste à vivre. Mais grâce à une recherche récente menée par l’équipe de neuro-oncologie du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM), de nouveaux traitements permettent de doubler la survie des personnes atteintes par un type similaire de tumeurs cérébrales.
« Les gliomes sont des tumeurs qui infiltrent les cellules du cerveau un peu comme des toiles d’araignées. C’est difficile de les retirer lors d’une opération », explique le Dr Jean-Paul Bahary, chercheur et radio-oncologue au CHUM.
Les gliomes sont gradés de 1 à 4, selon la gravité de la maladie. Le chanteur Gord Downie est touché par un grade 4, la forme la plus agressive. Le traitement habituel consiste à retirer la tumeur en chirurgie. Il faut ensuite suivre des traitements de radiothérapie et de chimiothérapie. Malgré cela, la survie est généralement assez courte.
Étant donné que ce cancer est plutôt rare, le développement de nouvelles approches thérapeutiques nécessite la collaboration de plusieurs pays. Jusqu’à tout récemment, on réservait les traitements de chimiothérapie aux patients atteints par les grades 3 et 4 de la maladie seulement. La pratique médicale vient de changer. Après plus de 15 ans de recherches, une étude publiée en avril dernier dans la revue New England Journal of Medecine démontre que le fait d’administrer des traitements de chimiothérapie en plus de la radiothérapie double pratiquement la survie des patients touchés par une forme moins agressive de la maladie, le gliome de grade 2.
Les chercheurs ont étudié la survie de 251 patients atteints d’un gliome de grade 2, enrôlés entre 1998 et 2002 dans une quinzaine d’hôpitaux des États-Unis et du Canada, dont le CHUM, un centre de référence pour le cancer du cerveau. Les patients qui ont reçu un traitement de chimiothérapie composé de plusieurs agents anticancéreux (procarbazine, lomustine, vincristine et carmustine) en plus de leur traitement standard de radiothérapie ont survécu presque deux fois plus longtemps que ceux qui ont reçu uniquement de la radiothérapie. La survie médiane était de 13,3 ans dans le groupe de patients ayant bénéficié des deux approches comparativement à 7,8 ans pour les patients ayant reçu seulement de la radiothérapie. Autre bonne nouvelle : la survie sans progression après 10 ans était de 51% dans le groupe chimiothérapie et radiothérapie comparativement à 21% pour le groupe radiothérapie seulement.
« C’est une avancée remarquable pour nos patients », estime le Dr Jean-Paul Bahary, l’un des auteurs de l’étude. « La guérison est exceptionnelle pour ce type de cancer, ajoute-t-il. Mais en combinant la chimiothérapie et la radiothérapie, on arrive à contrôler l’évolution de la tumeur chez certains patients pendant plusieurs années. »
Cette recherche a changé la pratique. « On administre maintenant d’emblée la chimiothérapie à tous nos patients diagnostiqués avec un gliome de grade 2. »
Le radio-oncologue et professeur à l’Université de Montréal voit l’avenir d’un bon œil. « Grâce à la participation des patients à nos projets de recherche, nous avons accompli des progrès importants depuis quelques années. Je pense qu’il y a de l’espoir à moyen terme pour les personnes touchées par cette maladie », affirme le Dr Bahary.
Source : Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM)