Marie-Faye Galarneau, en 4e année du doctorat de premier cycle en médecine, est partie un mois en Nouvelle-Calédonie dans le cadre de son stage à option en soin d’urgence. Elle nous raconte son expérience.
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Q. Pourquoi as-tu décidé d’aller faire un stage à l’international et pourquoi plus précisément en Nouvelle-Calédonie?
R. Je suis une voyageuse dans l’âme et avec la médecine, les horaires sont très contrôlés donc c’était difficile de partir. Je me suis dit que voyager à travers l’externat était une bonne façon de s’évader de la routine. Pour ce qui est de la Nouvelle-Calédonie, il y avait trois raisons. La première est mon intérêt pour tout ce qui touche aux populations autochtones et avec la population mélanésienne, j’avais envie de faire le pont avec les communautés d’ici. La deuxième est mon intérêt pour Médecins sans frontières, car le stage est un stage d’urgence et traumatologie, où il y avait des interventions par hélicoptère dans des régions reculées. Enfin, je suis vraiment passionnée par les maladies tropicales.
Q. As-tu observé certaines pathologies typiques de cette région du monde qu’on ne retrouve pas au Canada?
R. Oui, il y en a plusieurs! Par exemple, la consommation de crabe des cocotiers peut entraîner des arythmies très similaires à une intoxication à la digitale, un médicament que l’on donne aux insuffisants cardiaques. Le patient va avoir de la bradycardie et des blocs AV. Ici, il serait difficile de comprendre la source de ces symptômes, mais là-bas c’est fréquent. Il y a aussi la consommation d’un poisson qui peut entraîner la ciguatera, où comme on l’appelle là-bas, la gratte. Ce sont des toxines ingérées par les poissons, eux-mêmes mangés par les humains qui causent cette pathologie. J’ai aussi vu des cas de leptospirose, causée par une bactérie spirochète qui se retrouve dans les milieux humides. Les rats en sont souvent porteurs et à travers leur urine laissée dans les champs agricoles, les humains se retrouvent en contact avec la bactérie en travaillant la terre. Une fois contractée, la bactérie peut être mortelle; elle attaque le foie, les reins et entraîne des conjonctivites, mais peut être traitée à l’aide d’un antibiotique. Cette infection est aussi fréquente à Hawaï.
Q. As-tu rencontré certaines difficultés au cours de ton stage et comment as-tu fait pour les surmonter?
R. Oui! Quand je suis arrivée, les médecins ne savaient pas que j’arrivais, sauf le chef de l’urgence qui ne m’avait pas annoncée. Le matin même, personne ne m’a expliqué le système informatique, je n’ai pas reçu de dossiers non plus. C’était un peu étrange, car ici c’est très bien organisé et encadré. Je crois qu’ils ne sont pas habitués de voir des externes, c’est surtout des résidents qui sont à l’urgence et les externes sont plutôt aux étages. La première journée, j’étais un peu déstabilisée par cette situation. La deuxième journée, j’ai donc décidé de demander directement à l’infirmière de me remettre un dossier, et ensuite j’ai averti le médecin que j’en avais pris un. Je pense qu’il était vraiment important s’affirmer parce que le cadre n’était pas là. À la fin, tout le monde m’incluait dans l’équipe et il y avait une belle chimie. Les infirmières m’ont dit qu’habituellement les externes viennent surtout de France et l’équipe les laisse de côté.
Q. Quelles activités au cours de ton stage as-tu particulièrement appréciées?
R. Ce que j’ai apprécié le plus a été mon travail avec les équipes SAMU-SMUR. Présentes dans chaque ambulance, elles sont composées d’un médecin et d’une infirmière. Je faisais l’équipe d’urgence en déplacement et on partait en avion ou en hélicoptère pour aller chercher des patients sur des îles. En Nouvelle-Calédonie, il y a un seul hôpital près de la capitale Nouméa et dans le reste de la région il y a de petites cliniques qui permettent par exemple de stabiliser un patient. Quand le patient est instable, il est transféré à l’hôpital central qui est plus spécialisé. En plus de l’expérience médicale, les personnes rencontrées à travers ces activités étaient vraiment intéressantes. Un des pilotes d’avion avait travaillé pour Médecins sans frontières et il me racontait ses expériences. Au cours des déplacements, nous pouvions passer proche des flancs de montagne et des récifs coralliens où j’ai même pu voir des tortues!
Q. Comment penses-tu que ta pratique médicale à Montréal va pouvoir bénéficier de cette expérience?
R. Quand je suis arrivée là-bas, j’étais seule, donc le fait de se retrouver loin et isolée permet d’apprendre sur ses capacités d’interaction avec les gens et de prendre confiance en soi dans ce contexte d’incertitude. Toute l’expérience concernant les maladies infectieuses à laquelle il y a peu d’expositions au Canada est également très pertinente.
Q. Durant tes temps libres, as-tu vécu des aventures en visitant l’île?
R. C’est clair! J’avais une entente avec le chef de l’urgence pour avoir mes week-ends et pour avoir une semaine de libre à la fin de mon stage. Je travaillais donc douze heures par jour de manière condensée, et j’ai fait mon stage en deux semaines et demie. Une fois, je suis partie en solo en bateau pour aller visiter l’Île des pins, un lieu paradisiaque. C’était vraiment impressionnant! Je pouvais voir des requins nager au large et nager au milieu de milliers de poissons de toutes les couleurs. J’ai aussi séjourné dans des tribus, où le chef m’a amenée dans des forêts et des grottes, où j’ai pu voir des crânes. Il me racontait qu’à l’époque de la lèpre, ils isolaient les femmes dans les grottes. Aujourd’hui, on peut voir leurs ossements dans ces lieux. J’avais des frissons à entendre les histoires mystiques.
Q. Prévois-tu refaire un stage à l’international et si oui, où irais-tu?
R. J’avais pensé peut-être aller en Haïti, parce que c’est plus proche et parce que je veux y aller depuis longtemps. Encore une fois, je pourrais y retrouver l’aspect des populations plus vulnérables et des maladies infectieuses. Sinon le Maroc m’intéresse, particulièrement en région éloignée. Il me reste encore un mois de stage à option, mais je n’ai rien planifié pour le moment.
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