Lorsque les étudiants remettent leur prix d’enseignement dans les catégories « coup de cœur » ou « professeur entre les mains duquel je remettrais ma vie », un nom revient souvent année après année : André Gougoux. Sur le site ratemyprofessor.com, on vante la clarté de ses explications et de ses notes de cours, son organisation et son amour de l’enseignement ainsi que son sens de l’humour et sa gentillesse. Plusieurs parlent de lui comme le meilleur professeur qu’ils ont eu. À l’aube de sa retraite en décembre 2019, ce professeur et chercheur diplômé de l’UdeM qui cumule plus de 45 ans d’expérience nous livre son témoignage et le secret de sa passion pour l’enseignement.
Q. D’où vous vient votre goût pour l’enseignement?
R. J’ai toujours rêvé d’enseigner. Pour moi, le désir d’exercer cette profession est apparu avant même celui de faire de la médecine, qui est venu plus tard pour combler mon besoin d’aider les autres. Mais j’ai toujours aimé apprendre et pour être un bon professeur, il faut d’abord apprendre. Je n’ai jamais vraiment arrêté de me former et c’est pour moi un réel plaisir. C’est ce qui fait que je suis encore en classe aujourd’hui.
Même si j’ai davantage consacré les 25 premières années de ma carrière à la recherche en néphrologie, j’ai toujours gardé de la place pour l’enseignement. Il y a 20 ans, j’ai décidé de mettre la recherche de côté et de me vouer entièrement aux étudiants. C’est bien vrai, les étudiants m’apprécient beaucoup et je leur rends bien. Selon moi, cela signifie tout simplement que je fais bien mon travail et ils sentent le plaisir que j’ai à le faire.
Arrêter d’enseigner sera certainement difficile pour moi et cela va beaucoup me manquer, c’est certain.
J’ai toujours rêvé d’enseigner. Pour moi, le désir d’exercer cette profession est apparu avant même celui de faire de la médecine…
Q. Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts en enseignement en 1973?
R. Les cohortes étaient beaucoup plus petites à cette époque. Elles étaient d’environ 150 étudiants alors qu’aujourd’hui on en compte autour de 300. Dans ces années-là, il n’y avait que 10 % d’étudiantes alors que maintenant le ratio est beaucoup plus équilibré, ce qui est une bonne chose.
L’arrivée de l’apprentissage par problème (APP) a aussi beaucoup transformé la façon d’enseigner. Les classes sont plus petites. Elles permettent une plus grande participation de chacun et comme enseignant, je peux voir la réaction des étudiants et m’adapter au groupe.
Q. Quelle est votre vision de l’enseignement?
R. Ma démarche est assez simple. J’essaie de me mettre à leur place et de garder leur attention. Mon objectif est de transmettre le savoir avec le plus de clarté possible en me plaçant à leur niveau. Pour moi, il ne s’agit pas de me positionner comme un médecin spécialiste très instruit et d’être trop théorique. Je préfère rester pratique et donner des exemples d’application concrets en présentant des données qui vont les intéresser. En médecine, nous faisons constamment face à des problèmes bien tangibles et je souhaite les aider à les résoudre de façon pragmatique.
Ma façon d’enseigner n’a guère changé depuis toutes ces années. Je travaille toujours avec mon tableau et ma craie, car c’est pour moi la façon la plus efficace de le faire. Je pense que le rythme est plus lent, plus adéquat pour l’assimilation des connaissances. Cela facilite aussi la communication avec les étudiants et je sens qu’ils apprécient bien cette méthode.