Une équipe internationale de chercheurs vient de réaliser une percée dans le monde des bactéries qui pourrait mener vers de nouvelles techniques pour inhiber leur virulence.
Menée par monsieur Yves Brun, professeur au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 sur la biologie cellulaire bactérienne, l’étude a permis d’approfondir les connaissances concernant les mécanismes derrière l’extension et la rétraction des pili.
Les pili sont de très fins appendices situés à la surface de la paroi de nombreuses bactéries qui leur permettent de détecter les surfaces, mais également de s’attacher à celles-ci. Grâce à leur extrémité adhésive, les pili agissent comme des senseurs, « un peu comme le sens du toucher des bactéries », explique monsieur Brun. L’extension des pili permet aux bactéries de s’attacher à des surfaces, et la rétraction à leur valider qu’elles sont bien attachées, « en créant une tension comparable à celle sur une ligne à pêche lorsqu’un poisson mord », précise le chercheur.
Les recherches précédentes dans ce domaine avaient déjà démontré que l’extension et la rétraction des pili sont respectivement engendrées par des types différents d’ATPases, des enzymes qui hydrolysent des molécules d’ATP (adénosine-triphosphate) de façon à créer l’énergie mécanique nécessaire pour étendre ou rétracter les pili, « un peu comme s’il fallait un tournevis pour visser et un autre pour dévisser ».
Toutefois, leur plus récente recherche suggère que dans certaines bactéries, un seul moteur ATPase, plutôt que deux, serait capable de piloter les processus bidirectionnels d’extension et de rétraction des pili.
Comme les pili peuvent également servir à la virulence des bactéries, au transfert de gènes, à la motilité et à la formation de biofilms (responsables de l’antibiorésistance), mieux comprendre leur fonctionnement permet de mieux pouvoir enrayer leur efficacité, lorsque nécessaire.