Des chercheurs du Département de biochimie découvrent qu’un médicament ralentit le vieillissement et la progression du cancer

 

Des chercheurs du Département de biochimie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal ont découvert un nouveau mécanisme moléculaire qui peut possiblement ralentir le processus du vieillissement tout comme la progression de certaines formes de cancer. Ces chercheurs expliquent dans la sortie électronique du 23 mars de la prestigieuse revue Aging Cell comment ils ont trouvé qu’un antidiabétique, soit la metformine, réduit la production des cytokines inflammatoires qui normalement activent le système immunitaire, mais qui, en cas de surproduction, peuvent mener à une inflammation pathologique, une condition qui endommage les tissus dans le processus du vieillissement et qui favorise la croissance d’une tumeur cancéreuse.

« Les cellules sécrètent normalement ces cytokines inflammatoires lorsqu’elles doivent déclancher une réponse immunitaire à une infection, mais la production chronique de ces mêmes cytokines peut aussi causer le vieillissement cellulaire. De telles inflammations chroniques peuvent être induites, par exemple par le fait de fumer. Les cellules vieillissantes sont particulièrement aptes à produire et à libérer des cytokines, affirme Dr Gerardo Ferbeyre, auteur principal et professeur de biochimie à l’Université de Montréal. Nous étions surpris lorsque nous avons constaté que la metformine pourrait servir à prévenir la production de cytokines inflammatoires chez les cellules vieillissantes », ajoute-t-il.

Travaillant en collaboration avec Dr Michael Pollack, du Centre du cancer Segal de l’Hôpital général juif et de l’Université McGill, le professeur Ferbeyre et son équipe ont découvert que la metformine empêche la synthèse des cytokines au niveau même de la régulation de leurs gènes. « Les gènes qui produisent les cytokines sont normaux, mais dans le cas des cellules traitées à la metformine, une protéine qui peut habituellement aller les activer, appelée NF-κB, ne peut plus les atteindre dans le noyau cellulaire. Nous avons aussi découvert que la metformine n’exerce pas ses effets pas par la voie que l’on suppose habituellement servir à apporter ses effets antidiabétiques, ajoute-t-il. « Nous soupçonnions que la metformine pourrait agir de différentes manières et par différentes voies pour produire ses effets en matière de vieillissement et de cancer. Nos recherches pointent maintenant vers un seul mécanisme », ont fait remarquer les auteurs principaux de l’étude, Mme Olga Moiseeva et M. Xavier Deschênes-Simard. Le professeur Ferbeyre souligne qu’« il s’agit d’une importante constatation, qui aura une incidence sur notre façon de comprendre comment l’organisme se défend contre la menace d’un cancer et comment un médicament sécuritaire et très courant peut aider à traiter certains cancers, et peut-être même ralentir le processus du vieillissement. Il résulte que déterminer les cibles précises de la metformine augmenterait nos chances de bénéficier de ses effets positifs, ajoute-t-il. C’est ce que nous chercherons à comprendre ensuite. »

Remarques
La recherche appuyant l’étude intitulée Metformin inhibits the senescence-associated secretory phenotype by interfering with IKK/NF-κB activation (La metformine inhibe le phénotype de sécrétion associé à la sénescence en intervenant dans l’activation de la protéine IKK/NF-κB) a été financée par Cancer de la Prostate Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada (MOP-82887).

 

Articles reliés