Une équipe dirigée par le Dr Alex Parker, professeur de pathologie et biologie cellulaire à la Faculté de médecine de l’UdeM et chercheur au Centre de recherche du CHUM, a identifié une cible thérapeutique importante pour diminuer les symptômes de la maladie de Lou Gehrig, également appelée la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Cette cible thérapeutique est aussi porteuse d’espoir pour d’autres maladies neurodégénératives telles que les maladies d’Alzheimer, de Parkinson et de Huntington.
Dans une étude publiée dans la revue américaine Neurobiology of Disease, l’équipe a confirmé non seulement l’importance de cette cible mais également d’une série d’autres molécules qui peuvent être utilisées afin d’atténuer la dérégulation de l’un des processus cellulaires qui mènent à la dysfonction neuronale et ultimement à la mort des cellules du cerveau.
Même si les causes de la SLA sont mal comprises, la recherche a fait des progrès dans l’identification des processus cellulaires potentiellement impliqués dans la manifestation et l’évolution de la maladie. L’un de ces processus, qui attise l’intérêt des chercheurs, implique le réticulum endoplasmique (RE), un composant des cellules qui joue un rôle important dans le maintien de la santé cellulaire. Avec la collaboration du Dr Pierre Drapeau de l’Université de Montréal et en utilisant deux modèles animaux de la SLA, des vers et des poissons zèbres, l’équipe de chercheurs a non seulement confirmé que la dysfonction des RE mène à la mort des neurones moteurs caractéristiques de la SLA, mais a également identifié des composés chimiques qui atténuent les conséquences fatales de ce phénomène.
« Puisque le riluzole, seul médicament approuvé pour traiter la SLA, n’a qu’un impact modeste sur l’évolution de la maladie, nous avons testé l’efficacité d’autres composéset, ce faisant, nous avons découvert que leur mode de fonctionnement mettait en jeu le rôle des RE. » Les composés étudiés, le bleu de méthylène, le salubrinal, le guanabenz et la phénazine ont été testés individuellement et en différentes combinaisons.
À l’exception de la phénazine, ces composés sont d’ailleurs connus pour leurs effets bénéfiques dans le traitement des maladies neurodégénératives. Le Dr Parker et son équipe ont démontré que chacun de ces composés réduit la paralysie et la neurodégénérescence et que chacun d’eux agit sur des sites différents de ce qu’on appelle la voie des RE pour assurer la neuroprotection. Plus important encore, les chercheurs ont démontré qu’en les utilisant en différentes combinaisons, il est possible d’accroître leurs effets thérapeutiques.
« Ces résultats sont très encourageants », note le Dr Parker. Ils nous aident à mieux comprendre le rôle des RE dans l’évolution de la SLA, en plus de nous montrer la voie vers l’amélioration des traitements contre cette maladie dévastatrice. » Le Dr Parker et son équipe comptent tester et confirmer ces résultats dans des études avec des modèles animaux plus complexes, une étape nécessaire pour le développement de médicaments qui pourraient être bénéfiques pour les humains.
À propos de la sclérose latérale amyotrophique
La sclérose latérale amyotrophique, également appelée la maladie de Lou Gehrig, est une maladie neurodégénérative qui se manifeste chez l’adulte, caractérisée par la perte progressive et sélective des neurones motrices du cortex moteur, du tronc cérébral et de la moelle épinière. Ce qui mène à une faiblesse progressive, l’atrophie musculaire, la spasticité musculaire et des difficultés à parler, avaler et respirer. Il n’existe pas de cure connue pour cette maladie dévastatrice qui affecte 1-3 personnes sur 100 000. L’étiologie de la SLA est composée des facteurs génétiques et environnementaux et, dans la plupart des cas, ses origines ne sont pas connues. Son évolution clinique est extrêmement variable. La plupart des personnes atteintes de la maladie décèdent des complications respiratoires.
À propos de l’étude
“Pharmacological reduction of ER stress protects against TDP-43 neuronal toxicity in vivo” a été publié le 5 avril 2013 dans la version en ligne de la revue Neurobiology of Disease. Un résumé de l’article peut être consulté sur PubMed : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23567652.
À propos du Dr Alex Parker
Le Dr Parker est chercheur dans l’axe Neurosciences du CRCHUM. Il est également professeur adjoint au département de pathologie et biologie cellulaire de l’Université de Montréal. Ses recherches sont financées par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation canadienne pour l’innovation, la Société canadienne de la SLA, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et la Muscular Dystrophy Association, É-U.