La médecine sociale et engagée s’enseigne à l’UdeM

Madame Tremblay est en situation d’itinérance. C’est une patiente agressive, elle souffre de diabète et s’est présentée à l’urgence pour une forte douleur au pied en raison d’une infection qu’elle a tardé à faire soigner. Elle ne prend pas toujours ses médicaments, son apparence est négligée et elle sent l’alcool. Plusieurs fois, elle s’est vue interdire l’accès à des cliniques en raison de son comportement. Pourtant, le rôle du médecin est de la soigner, de tenter de l’aider à se sortir du cercle vicieux de la dépendance et de la pauvreté, mais comment faire?

Madame Tremblay est en fait une étudiante à l’externat en médecine qui s’est prêtée au jeu de comédienne dans le cadre d’un atelier du cours de médecine sociale engagée pour aider ses collègues à savoir comment réagir et offrir des soins de manière optimale à une clientèle vulnérable et marginalisée.

Chaque jour dans les grands centres comme Montréal, mais aussi en région, des médecins ont à faire face à des patients comme madame Tremblay et c’est pour bien préparer ses étudiants à cette réalité que la faculté a mis sur pied le cours « Médecine sociale engagée » en 2013. Ce cours dont le format est unique au Canada est obligatoire pour tous les externes. Il est composé principalement d’ateliers et de stages dans le milieu communautaire.

L’idée est de former des médecins engagés, empathiques, humains et proches des besoins de la population. Cela inclut certainement les clientèles marginalisées comme les itinérants, les travailleurs du sexe, les prisonniers, les toxicomanes, les migrants et tous ceux qui, pour une raison ou une autre, passent entre les mailles du système et peinent à avoir accès aux soins.

 

À la fin de leur stage, les étudiants sont appelés à partager et à réfléchir entre collègues sur leurs apprentissages et des pistes de solution sur l’enjeu de l’accès aux soins pour tous. Ils profitent ainsi de l’ensemble des expériences acquises dans les divers milieux de formation tels les prisons, les centres pour toxicomanes, les refuges pour itinérants et les organismes qui travaillent directement dans la rue.

« Ces stages sont très formateurs. Ils permettent aux étudiants d’entrer dans cette sous-culture et d’en comprendre les codes pour mieux intervenir auprès du malade. Les étudiants doivent faire preuve d’autonomie et développer leur sens de l’adaptation. Ils doivent faire preuve de tact et d’ouverture pour véritablement retirer les bénéfices de cette expérience » de déclarer Dre Anne-Sophie Thommeret-Carrière qui enseigne le cours aux étudiants à l’externat.

« Bon an mal an, les 72 milieux de stage nous offrent quelque 80 places pour nos étudiants et ils n’ont pas nécessairement une vocation d’enseignement comme c’est le cas pour les grands centres hospitaliers universitaires. Au fil du temps nous avons su développer une relation de confiance avec ces partenaires. Aujourd’hui ils apprécient la présence des étudiants et souhaitent les aider à comprendre leur réalité au plus grand bénéfice des clientèles qu’ils desservent » poursuit Dre Thommeret-Carrière.

Ce cours s’est inspiré de l’activité INcommunity d’IFMSA Québec, laquelle est d’ailleurs née de l’initiative de deux étudiants de l’Université de Montréal, Dr Marc-André Lavallée et Dre Anne-Sophie Thommeret-Carrière, alors étudiants en médecine à l’UdeM. Il a été créé par des professeurs qui travaillaient déjà auprès des clientèles vulnérables et des étudiants en médecine.

Articles reliés