Adriana Lacerda : de Curitiba à Montréal

Adriana Lacerda est nouvellement professeure à l’École d’orthophonie et d’audiologie de la Faculté de médecine. Après avoir obtenu son doctorat en audiologie il y a une dizaine d’années en tant qu’étudiante internationale à l’Université de Montréal, elle est retournée enseigner à l’Université Tuiuti do Paraná au Brésil, à Curitiba, sa ville natale. Elle est revenue ici, cette fois accompagnée de toute sa famille, et nous l’avons rencontrée pour connaître son histoire et les raisons qui l’ont menée à venir vivre et enseigner à Montréal.

Au cours de vos études, pourquoi avez-vous décidé de venir faire votre doctorat en audiologie à l’Université de Montréal? 

À l’époque, j’avais obtenu ma maîtrise en troubles de la communication à Curitiba, au Brésil, et je voulais continuer mes études à l’étranger. J’ai choisi l’Université de Montréal pour deux raisons. D’abord pour l’excellence de la recherche sur le bruit, menée par le professeur Tony Leroux, mais également en raison d’une entente de collaboration entre l’Université de Montréal et l’Université Tuiuti do Paraná.

Comment a été votre expérience au Canada en tant qu’étudiante? 

L’Université de Montréal m’a donné tout le soutien nécessaire et m’a épaulée à toutes les étapes, depuis mon départ du Brésil jusqu’à ma soutenance de thèse. Les professeurs étaient excellents et le personnel administratif, chaleureux et disponible pour m’aider. Mon directeur de thèse, Tony Leroux, m’a très bien soutenue tout au long de mes études.

Une fois vos études terminées, vous êtes retournée au Brésil pour enseigner à l’Université Tuiuti do Paraná. Durant ce mandat, sur quoi exactement ont porté vos recherches? 

Dans la continuité des recherches effectuées au cours de mon doctorat, j’ai travaillé surtout sur la promotion de la santé auditive, la prévention de la perte auditive induite par le bruit, le diagnostic audiologique, mais aussi sur la surveillance  durant les différents cycles de vie, notamment auprès de travailleurs et d’écoliers. J’ai travaillé avec différentes populations, presque sous le même thème.

J’ai fait aussi différentes recherches sur les milieux de travail, et plus précisément sur l’impact du bruit sur la santé auditive, sur la participation sociale et sur la qualité de vie. Je me suis également intéressée à l’impact des produits chimiques sur le système auditif (périphérique et central) et sur le système vestibulaire des travailleurs. Les recherches ont été menées dans plusieurs milieux de travail, tels que les milieux agricole et industriel. J’ai évalué l’impact de l’exposition chronique aux pesticides, aux solvants et au monoxyde de carbone associée à l’exposition au bruit. En outre, dans le milieu scolaire, mes recherches englobaient les programmes de promotion et de prévention en audiologie. Les objectifs de ces recherches étaient l’identification précoce de la perte auditive et l’amélioration des connaissances, des attitudes et des comportements des enfants et des adolescents en matière de prévention de la perte auditive induite par le bruit, particulièrement le bruit provenant des activités de loisir.

Dans le cadre de ces travaux de recherche, avez-vous gardé des liens avec des chercheurs de l’Université de Montréal? 

Oui, bien sûr! J’ai gardé des liens avec mon directeur de thèse, Tony Leroux, et avec mon codirecteur de thèse, Jean-Pierre Gagné. Et plus récemment, j’ai commencé à travailler avec Adrian Fuente. Ils sont d’ailleurs venus quelquefois au Brésil pour participer à des activités de recherche, mais également pour enseigner à l’Université Tuiuti do Paraná. Une entente internationale de collaboration entre les deux institutions a été signée en 2017, ce qui a permis d’encadrer et d’officialiser les activités de collaboration existantes. Cette entente permettra également de les développer davantage.

Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes devenue professeure-chercheuse à l’Université de Montréal? 

J’ai posé ma candidature en 2016 et après le processus, j’ai été sélectionnée par le comité. Quelle joie de pouvoir revenir à l’Université de Montréal où j’ai étudié et où les conditions de travail sont excellentes! Pour moi, c’était un rêve de revenir à Montréal et cette fois-ci, je suis venue avec toute ma famille. Le but est vraiment de s’établir au Canada et d’y commencer une nouvelle vie. Je suis très motivée!

Pourriez-vous nous faire part des projets de collaboration que vous êtes actuellement en train de développer entre votre ancienne institution et l’UdeM? 

Présentement, je développe deux projets de recherche conjoints. Un sur la santé auditive des travailleurs exposés au bruit et aux produits chimiques; l’autre sur les personnes âgées. Le premier projet sur les travailleurs vise à évaluer les effets de l’exposition combinée sur le système auditif périphérique et le système auditif central. Plusieurs types de produits chimiques seront analysés, notamment les pesticides et les solvants. Avec le deuxième projet, on cherche à savoir si l’utilisation des prothèses auditives a un impact sur la qualité de vie et la participation sociale des personnes âgées, mais également sur la qualité de vie et la participation sociale de leurs proches.

De quelle manière pensez-vous qu’il est avantageux pour l’avancement de la recherche de créer de tels projets de collaboration entre différents pays?

L’intérêt d’avoir des collaborations en recherche entre le Brésil et le Canada permet de travailler avec des populations aux profils sociodémographiques et culturels distincts. Ceci est important pour connaître l’impact de différents facteurs sociaux tels que l’éducation, la classe socioéconomique et les conditions de vie ou de travail sur la santé auditive, la qualité de vie, la participation sociale et l’incapacité auditive. Cette collaboration permet aussi de comprendre la manière dont est perçue la perte auditive et la stigmatisation pouvant en découler, ainsi que la perception par rapport aux aînés, tous des facteurs culturels qui pourraient diverger sensiblement d’un pays à l’autre.

Les protocoles de recherche sont donc les mêmes et ce qui change est vraiment au niveau des populations étudiées. Les résultats de recherche en sont plus riches et c’est l’un des avantages de la recherche conjointe.

Enfin, la population canadienne étant très multiculturelle, il est intéressant de travailler avec celle-ci. La population à Montréal est plus diversifiée que celle de Curitiba au Brésil, ce qui permet d’enrichir les résultats de mes recherches.

Articles reliés