Téléconsultation : les soins de santé à l’ère du 4.0

La quatrième révolution industrielle est en marche. Intelligence artificielle, big data, objets connectés : autant de termes populaires qui témoignent d’une époque où les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont démocratisées.

En sciences de la santé, la révolution technologique se traduit notamment par la télémédecine, qui se définit comme étant l’exercice de la médecine à distance et en direct à l’aide des TIC. Elle comprend la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance et la téléassistance.

Selon le Collège des médecins du Québec, « la téléconsultation est une consultation médicale qui met en relation, à distance, le patient et un ou des médecins et, le cas échéant, d’autres professionnels de la santé ».

À la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, en sciences cliniques, cette pratique est offerte dans diverses spécialités, comme en psychiatrie, en dermatologie et en ophtalmologie. Or, la téléconsultation est également possible dans le domaine des sciences de la santé, où elle se décline de différentes façons.

De la réadaptation à distance

Dahlia Kairy, professeure agrégée à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et chercheuse à l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM) du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, axe ses recherches sur la téléréadaptation.

Son équipe et elle ont mis sur pied un programme de congé précoce assisté pour les personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) et nécessitant une réadaptation fonctionnelle intensive. Grâce à une plateforme de visioconférence, la téléréadaptation permet aux patients de recevoir les soins nécessaires, tout en limitant leurs déplacements.

« Les avantages de la téléréadaptation varient selon la population et le contexte, indique Dahlia Kairy. Par exemple, elle peut permettre un accès à des services spécialisés qui ne sont pas disponibles à proximité du patient ou encore limiter la fatigue si c’est un facteur pour ce dernier. »

Dahlia Kairy étudie également l’utilisation de consoles de jeu pour permettre aux patients atteints d’un AVC de retrouver leur mobilité, et ce, dans le confort de leur salon. Les participants sont suivis à distance par un physiothérapeute qui les guide dans leur entraînement et ajuste le niveau de difficulté pour assurer une récupération qui, selon la chercheuse, est aussi significative qu’en personne.

« La réadaptation de façon intensive est l’une des meilleures pratiques à la suite d’un AVC d’après les lignes directrices canadiennes, commente la chercheuse. La téléréadaptation est donc une approche qui permet d’offrir des soins optimaux, au moment opportun. »

Consultations nutritionnelles de chez soi

À l’hiver 2020, la Clinique universitaire de nutrition offrira également des consultations à distance, que ce soit pour traiter un problème de santé, faire le point sur ses habitudes alimentaires ou optimiser son alimentation dans un contexte particulier. Par l’entremise d’un logiciel de communication audiovisuelle simple et accessible, les clients pourront ainsi bénéficier de l’expertise des nutritionnistes et des stagiaires en nutrition depuis leur domicile.

Dans certains cas, les clients pourraient préférer que la première rencontre se déroule en personne à la clinique pour établir la relation avec les divers intervenants.

« Notre offre de consultation à distance permettra cette flexibilité tant pour les patients que les professionnels de la santé, précise Marie Marquis, directrice du Département de nutrition de l’Université de Montréal. L’offre de consultation professionnelle à distance est une pratique incontournable rejoignant les attentes du public pour qui les déplacements représentent une contrainte quotidienne importante. »

Télésupervision

Si les TIC facilitent l’accès aux soins de santé, ils sont tout aussi utiles pour la formation des professionnels de la santé.

À la Clinique universitaire en orthophonie et en audiologie, les TIC servent à faciliter la communication entre les patients, les professionnels de la santé et les apprenants. Par exemple, via une application de visioconférence, un clinicien-superviseur en orthophonie peut interagir avec les stagiaires à distance pour la planification et la rétroaction, mais aussi pour télésuperviser des consultations menées chez les clients.

« Les interventions se font alors comme en salle à la clinique, sauf que les familles n’ont pas à se déplacer, ce qui assure une assiduité aux rendez-vous, chaque semaine », explique Louise L. Boulanger, coordonnatrice de la Clinique universitaire en orthophonie et en audiologie.

Selon madame Boulanger, l’usage de la technologie est un élément de motivation pour les jeunes, mais elle rappelle que « l’âge du client, les objectifs d’intervention et le confort du client avec la technologie sont des facteurs à considérer ».

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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