Passionnée par la biologie des phages, la Dre Marie-Laurence Lemay a obtenu une bourse d’excellence en recherche dans le cadre du programme L’Oréal-UNESCO Pour les femmes et la science. Son but : comprendre le fonctionnement de ce petit virus pour s’en faire un allié de taille.
Alors que tous les yeux sont tournés vers le coronavirus (SRAS-CoV-2) qui s’attaque au corps humain, Marie-Laurence Lemay s’intéresse aux phages, un virus qui s’en prend aux bactéries, les bonnes et les mauvaises. Comme les bactéries se retrouvent partout – dans l’eau, la terre, les plantes, l’air, la nourriture, les organismes vivants –, les phages sont omniprésents dans notre environnement.
Les phages, une solution de rechange aux antibiotiques
Quiconque travaille dans une usine laitière sait à quel point la présence de phages est catastrophique. Aussi, pour cette ex-microbiologiste responsable du Laboratoire de recherche et développement d’une industrie laitière, les phages représentaient au départ un ennemi à contrôler.
Jusqu’à ce qu’elle se joigne au laboratoire du Dr Yves Brun, rattaché au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de la Faculté de médecine. « Les phages peuvent devenir nos alliés, car ils ont la capacité de tuer des bactéries qui sont nocives pour la santé humaine. Je cherche à comprendre comment ils ciblent, infectent et tuent les bactéries dans l’optique de les utiliser un jour comme une solution de rechange aux antibiotiques », résume la chercheuse postdoctorale.
Cette approche avait déjà fait l’objet de nombreux travaux. Mais l’arrivée des antibiotiques les avait relégués aux oubliettes. « Avec la résistance aux antibiotiques, il y a un regain d’intérêt pour ce domaine, observe la Dre Lemay. Mais il ne faut pas oublier qu’un phage, c’est un virus. Avant de pouvoir le mettre à profit, c’est important de bien comprendre son fonctionnement. »
Scientifique de la relève
La bourse d’excellence en recherche L’Oréal-UNESCO 2021, d’une valeur de 20 000 $, arrive à point nommé pour soutenir ses projets de recherche postdoctoraux.
Au-delà du soutien financier, la bourse représente pour elle une importante reconnaissance, un tremplin pour la poursuite de sa carrière.
Ça va me permettre de rencontrer des chercheuses qui ont été récompensées et de faire partie d’une communauté internationale de femmes en science. Même si des progrès ont été réalisés dans les dernières années, il existe toujours des disparités entre les hommes et les femmes.
Pour l’heure, son obstacle majeur à la performance est la maternité. « Je suis une scientifique, mais aussi une femme qui veut avoir des enfants, laisse tomber la future maman d’un petit garçon. Mon fils va voir à quoi ressemble une vraie scientifique. » Une scientifique à la passion contagieuse, qui saura certainement la communiquer à sa descendance !
Voyez la vidéo de Marie-Laurence Lemay et des autres boursières canadiennes 2021.