Abolir le riz ou le plantain de son assiette quand on est haïtien ? Irréaliste ! Pour Sandrine Staco, tous les aliments ont leur place. « Cessons de faire une version santé des plats traditionnels et proposons plutôt une alimentation qui respecte la culture de chacun. » Portrait d’une diététiste–nutritionniste qui prône une table inclusive.
Cette passionaria de l’alimentation culturelle agit sur tous les fronts. Quand elle ne donne pas des conférences ou des cours de groupe à titre de travailleuse autonome, elle offre des formations sur le diabète aux professionnels de la santé pour l’organisme Universi-D.
Une invitation au voyage
Mais là où le talent de la jeune femme d’origine haïtienne brille le plus, c’est sur sa page Instagram, The Colorful Nutritionist, où elle publie du contenu éducationnel coloré en quatre langues – français, anglais, créole haïtien et espagnol. Dans ses publications aux allures de tables bien garnies, elle incite ses compatriotes à goûter toute la fraîcheur de la gastronomie afro-antillaise et à manger local – ocra, patate douce, feuilles d’amarante (lalo), piments forts et courges cultivés au Québec.
Cessons de faire une version santé des plats traditionnels et proposons plutôt une alimentation qui respecte la culture de chacun.
Sandrine Staco
Ultimement, sa nouvelle version de l’assiette haïtienne équilibrée vise à aider les siens à mieux préparer leurs repas. Elle leur parle du savoureux legim, un plat relevé à base de choux, d’aubergine, de carottes, de poivrons, d’épinards et de morceaux de bœuf. Ou encore de la confiture de pomelo (chadèk) qui lui rappelle sa grand-mère chérie aux commandes de sa cuisinière. « C’est par la cuisine qu’un immigrant fait vivre sa culture d’origine. Avec la nourriture, il y a plus d’occasions de se connecter à la mémoire, à la famille et au lieu », écrit-elle. La diététiste–nutritionniste les fait ainsi voyager dans le temps, en d’autres lieux, et les amène à se connecter à leurs ancêtres.
La nutrition, reflet de la diversité
Diplômée du Département de nutrition de la Faculté de médecine, Sandrine éprouve une immense reconnaissance envers ses mentores Einrika, Julia et Muriel, trois nutritionnistes issues de la communauté noire qui lui ont transmis leur passion pour l’alimentation culturelle. À son tour, elle encourage les jeunes Noirs à suivre ses traces. « Il y a tout un travail de sensibilisation à faire pour que la profession de nutritionniste reflète la diversité de la population québécoise, estime-t-elle. Comme nutritionniste, il faut avoir une bonne sensibilité culturelle pour conseiller nos clients dans le respect. »
Par Déborah St-Victor