Jacques L. Michaud, Bana Jabri, Patrick Cossette et Arnold Munnich

Épilepsies et maladies inflammatoires : une collaboration France-Québec pour les enfants

L’UdeM, le CHU Sainte-Justine et l’Institut Imagine, à Paris, s’unissent pour améliorer le traitement des maladies inflammatoires et des épilepsies réfractaires juvéniles.

Un partenariat entre la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, le CHU Sainte-Justine et l’Institut Imagine ‒ un leader mondial de recherche, de soins et d’enseignement sur les maladies génétiques ‒, promet de transformer le traitement des maladies inflammatoires de l’intestin, des arthrites inflammatoires et des épilepsies réfractaires juvéniles.

L’épilepsie, les maladies inflammatoires de l’intestin (MII) et les arthrites inflammatoires sont des maladies caractérisées par des crises récurrentes qui ont un impact significatif sur le développement des jeunes patientes et patients.

Dans le monde, environ 50 millions de personnes souffrent d’épilepsie, tandis que 68 millions sont touchées par une maladie inflammatoire à médiation immunitaire, comme les MII et les arthrites. Ces patients nécessitent des traitements plus efficaces et personnalisés, non seulement pour traiter leurs symptômes, mais aussi pour prévenir et potentiellement guérir ces maladies.

«La Faculté de médecine de l’UdeM et l’Institut Imagine partagent les mêmes valeurs et la même vision d’excellence dans la recherche, l’enseignement et les soins», a souligné le doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Patrick Cossette, à l’occasion de la Conférence du doyen. «Ce grand projet de collaboration en médecine de précision réunit nos équipes des départements de neurosciences, de pédiatrie et de chirurgie de l’UdeM et du Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine avec celles de l’Institut Imagine à l’Hôpital Necker-Enfants malades de Paris, grâce à des dons philanthropiques substantiels.»

Lors de cette conférence, la professeure Bani Jabri, qui prendra la direction de l’Institut Imagine en 2025, a présenté ses travaux. Le professeur Arnold Munnich, président du conseil d’administration, a quant à lui exposé la mission et les réalisations de l’Institut.

«En réunissant les expertises et en utilisant des technologies de pointe, cette collaboration internationale représente une avancée majeure vers des soins personnalisés pour chaque enfant. La création d’une base de données fédérée pour les enfants épileptiques ou atteints de maladies inflammatoires à médiation immunitaire, l’exploration des mécanismes sous-jacents et le développement de thérapies de précision permettront de prédire, de prévenir et de traiter ces affections de manière individualisée, avec des bénéfices durables pour la santé des jeunes patients», affirme pour sa part le Dr Jacques Michaud, professeur titulaire au Département de pédiatrie de l’UdeM, directeur du Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine et collaborateur scientifique du projet.

«La collaboration transatlantique maximisera le potentiel des projets de recherche en combinant la richesse des cohortes du CHU Sainte-Justine et de l’Institut Imagine. Dans le domaine complexe des maladies génétiques rares, la synergie des compétences, des expertises et des données est cruciale pour réaliser des progrès significatifs», estime la professeure Jabri.

Les objectifs du partenariat sont ambitieux :

  • Création d’une base de données fédérée : Une base de données fédérée sera constituée pour les enfants épileptiques, atteints d’une MII ou d’une arthrite inflammatoire, offrant une ressource fondamentale pour le phénotypage précis et la compréhension de l’histoire naturelle de ces conditions.
  • Étude des mécanismes de la maladie : Les mécanismes qui sous-tendent la genèse de différents types d’épilepsies et des maladies inflammatoires à médiation immunitaire seront étudiés grâce à des approches transcriptomiques à cellule unique et électrophysiologiques cellulaires, confrontées aux données cliniques.
  • Développement de thérapies de précision : De nouvelles thérapies personnalisées seront développées, en identifiant les cibles thérapeutiques spécifiques et en explorant des approches novatrices.

 

Deux projets d’envergure

Un programme collaboratif de quatre ans, ayant pour objectif de décrypter les crises épileptiques au niveau des cellules et des circuits cérébraux, est codirigé par la Dre Elsa Rossignol, professeure agrégée au Département de neurosciences de l’UdeM et chercheuse au Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine, ainsi que par les Prs Thomas Blauwblomme, chef du service de neurochirurgie de l’hôpital Necker-Enfants malades, et Denis Jabaudon, directeur du Département des neurosciences fondamentales de l’Université de Genève et professeur associé à l’Université Paris Cité.

De son côté, le projet sur les maladies inflammatoires à médiation immunitaire a pour objectif d’identifier des biomarqueurs pour les traitements biologiques des maladies inflammatoires chroniques chez l’enfant, dans l’espoir de déterminer le médicament le plus adapté pour chaque patient. Il est dirigé par une équipe supervisée au CHU Sainte-Justine par le Pr Vincent Ferretti, professeur adjoint au Département de biochimie et médecine moléculaire de l’UdeM, le Dr Élie Haddad, professeur titulaire au Département de microbiologie, immunologie et infectiologie de l’UdeM, et la Dre Laurence Chapuy, professeure adjointe de clinique au Département de pédiatrie de l’UdeM. À l’Institut Imagine, le projet est supervisé par le Dr Antonio Rausell, directeur du laboratoire de bio-informatique clinique, le Dr Frédéric Rieux-Laucat, directeur du laboratoire d’immunogénétique des maladies auto-immunes pédiatriques, et le Pr Franck Rümmele, chef de la clinique pédiatrique des maladies inflammatoires de l’intestin à l’hôpital Necker-Enfants Malades.

Ces deux projets interdisciplinaires, qui rassemblent des cliniciennes, cliniciens, chercheuses et chercheurs de disciplines complémentaires, sont cruciaux pour relever les défis complexes posés par les maladies inflammatoires et les épilepsies infantiles. L’objectif ultime est d’améliorer la qualité de vie des enfants en développant des traitements plus efficaces et personnalisés, en faveur d’une médecine de précision.

 

À propos de la Faculté de médecine de l’UdeM

Forte de 180 ans d’histoire, la Faculté de médecine compte sur l’expertise et les infrastructures d’un vaste réseau composé de 11 centres et instituts de recherche affiliés et de 13 centres et établissements affiliés. Son corps professoral est composé de plus de 5000 membres du corps professoral incluant les cliniciennes et cliniciens, et de plus de 7500 étudiantes et étudiants. La Faculté forme le tiers des médecins du Québec et une grande partie des professionnelles et professionnels de la santé de la province.

À propos du Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine

Le Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus efficaces et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit 280 chercheuses et chercheurs, dont près de 170 œuvrent en recherche clinique, et plus de 595 étudiantes, étudiants et stagiaires de recherche postdoctorale. Le Centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.

À propos de l’Institut Imagine

Situé sur le campus de l’Hôpital Necker-Enfants malades, l’Institut Imagine est un centre mondial de recherche, de soins et d’enseignement voué aux maladies génétiques. Réunissant 1000 experts (chercheurs, médecins, ingénieurs, et personnel de santé) dans une structure innovante conçue par Jean Nouvel et Bernard Valéro, il vise à accélérer le diagnostic et le développement de traitements pour transformer la vie des familles touchées. Labellisé Institut Hospitalo-Universitaire (2011, 2019) et Institut Carnot (2020), il bénéficie du soutien de l’AP-HP, de l’Inserm, de l’Université Paris Cité, ainsi que de mécènes privés. En France, 64 bébés naissent chaque jour avec une maladie génétique, affectant au total plus de 3 millions de personnes. Face à ce défi, l’Institut s’engage à améliorer le diagnostic et à développer des traitements adaptés.

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