Le pédiatre et professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal vient d’être nommé chevalier de l’Ordre national du Québec pour ses 40 années de dévouement au service des adolescents anorexiques. Il a soigné 2500 jeunes aux prises avec des troubles alimentaires en utilisant une méthode douce et individualisée, basée sur la patience, qui a inspiré nombre d’intervenants du Québec et de la francophonie. Il rend compte à Isabelle Craig de l’amour qu’il a insufflé dans son métier.
Jean Wilkins, qui a développé sa spécialité après s’être vu confier l’ouverture d’un service de médecine de l’adolescence à l’Hôpital Sainte-Justine, dans les années 1970, estime que les troubles alimentaires puisent leur source dans une recherche de l’identité.
Impasse
« J’ai voulu voir cette maladie comme une impasse dans le développement à un moment précis de notre vie : l’adolescence, dit-il. C’est une période de transformation multiple, partout, dans notre corps, dans notre tête… Je voyais ça comme un refuge. C’est comme si on se réfugiait là-dedans. C’est comme si on avait besoin d’un time out dans notre vie. L’anorexie vient combler [un vide], comme la drogue en comble un chez une autre catégorie de jeunes. Je suis entré là-dedans dans cet esprit et c’est ce qui, je pense, nous aide à avancer et à faire en sorte que [les patientes] s’en sortent. »