Le projet Cartagène récolte les données de santé de un Québécois sur 200

C’est le plus grand recrutement au sein de la population générale pour un projet scientifique sur la santé que le Québec n’ait jamais connu. Cartagène, l’imposant projet qui est en train de constituer une banque d’échantillons biologiques et d’informations détaillées sur la santé des Québécois, part à la recherche ces jours-ci de 17 000 nouveaux candidats – des hommes et femmes âgés entre 40 et 69 ans – dans 6 régions du Québec, soit Gatineau, Montréal, Québec, Saguenay, Sherbrooke et Trois-Rivières. Les participants seront appelés à partager des informations sur leur état de santé et leurs antécédents médicaux, et ceux de leur famille, ainsi que sur leurs habitudes de vie. Ils seront également invités à fournir un échantillon de sang. Toutes ces données seront ensuite cataloguées et entreposées à la Biobanque Génome Québec de Chicoutimi. Elles pourront être utilisées par des chercheurs en vue de découvrir, entre autres, de meilleurs diagnostics, traitements et méthodes de prévention pour des maladies chroniques particulièrement répandues au Québec comme le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

JUSQU’À 300 000 QUÉBÉCOIS SERONT APPELÉS

Une première phase de recrutement il y a 3 ans avait permis de récolter les données de 20 000 personnes. Les 17 000 participants additionnels sont nécessaires afin d’assurer une meilleure représentativité de la population de la province. Au total, ce sont des informations de santé exhaustives et des échantillons biologiques d’au moins 37 000 personnes – soit près d’1 Québécois sur 200 – qui seront «mis en banque» par Cartagène. Pour atteindre cet objectif, Cartagène estime devoir contacter jusqu’à 300 000 personnes au total (ou 1 Québécois sur 27), car le taux de réponse est d’1 personne sur 8 en moyenne.

POUR LA SANTÉ DES GÉNÉRATIONS FUTURES

«Les gens qu’on appellera au cours des prochaines semaines auront l’opportunité de faire quelque chose pour la santé de leurs enfants et petits-enfants», croit le Dr Philip Awadalla, directeur scientifique de Cartagène, et chercheur au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal. Les personnes contactées seront libres de participer ou non, mais le Dr Awadalla espère qu’elles «répondront massivement «oui» à l’appel, pour le bénéfice des générations futures».

Le Dr Awadalla précise que les participants peuvent être confiants quant à la sécurité des informations et échantillons biologiques qu’ils fourniront. Gouverné par des lois et procédures extrêmement strictes, Cartagène assure que toutes les informations et échantillons sont soigneusement codés afin qu’on ne puisse les relier à ceux qui les ont fournis. De plus, toutes les données sont accessibles seulement par des chercheurs en santé approuvés par un comité d’éthique.

DÉJÀ DES CONSTATS FRAPPANTS

Déjà, les données récoltées par Cartagène à ce jour ont livré des constats frappants. Bien que 80% des participants de la phase 1 savaient déjà qu’ils souffraient d’au moins une maladie chronique, l’étude des mesures sanguines et physiques a révélé qu’une proportion inquiétante d’entre eux ignorent être atteints de certaines conditions potentiellement nuisibles pour leur santé. Ainsi, par exemple, 1 personne sur 4 et jusqu’à 1 personne sur 2 souffrirait respectivement d’hypertension et d’hypercholestérolémie sans le savoir.

Cette proportion dépasserait même les 90% chez les personnes atteintes d’une insuffisance rénale chronique légère ou modérée, selon une étude menée par le Dr François Madore, professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’UdeM et directeur du Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Sachant qu’une insuffisance rénale même légère peut aggraver une maladie cardiovasculaire et l’hypertension et que, sans traitement, elle peut dégénérer et éventuellement requérir la dialyse ou une transplantation, le Dr. Madore croit que «tôt ou tard, il faudra que des mesures soient prises pour mieux diagnostiquer cette condition et sensibiliser d’avantage la population générale aux maladies rénales».

Certains chercheurs du Québec et d’ailleurs utilisent par ailleurs déjà les informations et échantillons récoltés durant la première phase du projet. Une vaste étude pancanadienne dirigée par des chercheurs de l’Université McGill, par exemple, fera appel à Cartagène pour en apprendre plus sur l’efficacité réelle de certains médicaments et la véritable ampleur de leurs effets indésirables sur les patients. « Une biobanque de cette envergure est depuis longtemps un rêve des chercheurs du Québec dans le domaine de la santé », affirme le Dr Sasha Bernatsky, professeure associée à la Faculté de médecine de l’Université McGill, qui participe à cette étude. «C’est une ressource sans pareil qui nous aidera certainement à faire des bonds de géant».

Pour plus de renseignements sur Cartagène, visitez le www.cartagene.qc.ca.

Source: Centre Hospitalier universitaire Sainte-Justine

Renseignements
Eloi Courchesne T: 514 923-3564

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