Michel Phaneuf se souvient très bien comment c’est arrivé. Il était avec sa protégée Nadia Fournier et venait d’ouvrir une bouteille de vin afin de procéder à une dégustation. Les deux critiques qu’une trentaine de vendanges sépare s’apprêtaient à partager leurs impressions lorsque Nadia a lancé : « Il est bouchonné ! » Michel Phaneuf a sursauté. « Un vin bouchonné, je pouvais détecter cela très facilement. Pour moi, ce vin m’apparaissait normal. J’ai alors compris que quelque chose n’allait pas. »
Le premier Québécois à avoir lancé un guide annuel du vin, au début des années 80, le critique qui fut une référence pendant des décennies pour des milliers d’amateurs de ce nectar, l’homme qui voyageait sans cesse à la recherche des meilleurs crus découvrait brutalement que la maladie de Parkinson diagnostiquée chez lui en 2008 était en train de le priver de son plus grand plaisir. En foutant le camp, le goût et l’odorat venaient de sonner le glas de son métier.
« Ç’a été un coup terrible à encaisser, c’est sûr. Mais rapidement, je me suis mis à réfléchir à ce que je pouvais faire pour garder la tête hors de l’eau. »
— Michel Phaneuf, au sujet de son diagnostic de la maladie de Parkinson