Green vegetables rich in vitamin K on black slate.

Le Coumadin et les légumes verts ne sont pas ennemis

Les professionnels de la santé conseillent souvent aux patients qui prennent de la warfarine ‒ un anticoagulant connu sous le nom commercial de Coumadin ‒ de limiter leur consommation d’aliments riches en vitamine K comme les légumes verts.

Leur crainte? Que la vitamine K contenue dans ces aliments nuise à l’efficacité du médicament. Toutefois, les résultats d’un récent essai clinique remettent en question ce conseil et indiquent même que les patients qui prennent de la warfarine auraient plutôt avantage à augmenter leur apport quotidien en vitamine K ‒ à condition qu’ils maintiennent cet apport constant d’une journée à l’autre.

C’est ce que montre une étude que Guylaine Ferland, professeure titulaire au Département de nutrition de l’Université de Montréal et chercheuse à l’Institut de cardiologie de Montréal, a présentée à la conférence annuelle de l’American Society for Nutrition.

La warfarine ‒ qui permet d’éviter la formation de caillots de sang ‒ est prescrite par exemple à des personnes susceptibles d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde ou d’embolie pulmonaire. « La recommandation d’usage prive les patients d’aliments sains qui sont suggérés par le Guide alimentaire canadien. Pour moi, il y avait là une contradiction à évaluer, note la chercheuse. Les Instituts de recherche en santé du Canada ont d’ailleurs immédiatement accepté le projet, confirmant la pertinence de l’étude. »

Selon l’essai clinique, l’augmentation de la consommation quotidienne de vitamine K ‒ qui est essentielle à la coagulation ‒ semble donc efficace pour maintenir une anticoagulation stable, notamment chez les patients qui ont des niveaux d’anticoagulation instables lors de la prise de warfarine.

Les effets positifs de la vitamine K

Après six mois d’essai clinique, 50 % des patients ayant reçu le conseil d’accroître leur apport en vitamine K maintenaient des niveaux stables d’anticoagulation, comparativement à seulement 20 % dans le groupe s’étant conformé à la recommandation nutritionnelle typique.

« Nous espérons que les professionnels de la santé cesseront de recommander aux patients traités à la warfarine d’éviter les légumes verts, ajoute madame Ferland. Manger beaucoup de légumes verts et d’autres aliments nutritifs riches en vitamine K, comme les huiles d’olive, de soya et de canola, peut aider à stabiliser le traitement anticoagulant, en plus d’offrir de nombreux autres bienfaits pour la santé. Il ne faut donc pas les éliminer, mais bien viser un apport constant. »

Guylaine Ferland souligne que la posologie du médicament doit être soigneusement calibrée pour équilibrer le risque de formation de caillots par rapport au risque de saignement incontrôlé. Comme la vitamine K contrecarre l’activité de la warfarine dans le sang, de grandes fluctuations dans l’apport en vitamine K peuvent perturber cet équilibre, d’où l’importance d’une consommation stable d’aliments riches en vitamine K.

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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