Pourquoi aimons-nous avoir peur?

Votre pouls s’accélère. Votre visage pâlit. Vous transpirez. Vos jambes tremblent. Vous avez peur. Et pourtant, vous éprouvez du plaisir. Comment expliquer que votre cerveau retire des effets positifs des moments où vous suscitez votre propre frayeur?

Pour le docteur Didier Jutras-Aswad, professeur agrégé de clinique au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), le sentiment de peur peut être un vecteur de bien-être momentané, en raison de la réaction physique qu’il crée.

Une raison chimique?

En fait, lorsqu’une personne est confrontée à une expérience effrayante, son corps se modifie pour se préparer à faire face à la situation stressante : c’est la sécrétion d’hormones.

La première hormone sécrétée par le corps est l’adrénaline, « l’hormone guerrière qui stimule les battements cardiaques, la respiration et la circulation sanguine vers les muscles », tel que décrit sur le site du Centre d’étude sur le stress humain (CESH) de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Puis, le cortisol est sécrété pour aider l’adrénaline à maintenir un niveau d’énergie suffisamment élevé.

« C’est cette réaction physique associée à la peur, notamment l’augmentation de la tension artérielle et la production d’adrénaline, qui peut être associée à quelque chose de plaisant, de recherché par certaines personnes », explique le docteur Jutras-Aswad.

Ce dernier ajoute également que parfois c’est « l’après-coup de la peur » qui peut être perçu comme un effet désirable. « Après le retrait de l’élément stressant ou épeurant, c’est le retour à la normale, ou le soulagement, que certaines personnes peuvent trouver agréable. »

Toutefois, le docteur Jutras-Aswad met en garde contre les états de peur extrême où le sujet craindrait pour son intégrité physique et/ou psychologique l’amenant à développer certains problèmes de santé mentale, comme le trouble de stress post-traumatique. « La peur, c’est comme n’importe quoi : trop, c’est comme pas assez », conclut-il.

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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