5 gestes bons pour notre santé et celle de la planète

En tant que faculté de médecine, la santé humaine est notre priorité. Mais la santé humaine ne vaut rien si notre planète est elle-même souffrante. Voici cinq actions quotidiennes qui ont des impacts positifs tant sur notre système que sur les écosystèmes. Question de faire une pierre deux coups.

Se déplacer à pied et à vélo, plutôt qu’en voiture

L’impact sur la santé

Les preuves ne sont plus à faire, l’activité physique, qu’elle soit de loisir ou de transport, améliore la condition physique, permettant ainsi de lutter contre divers problèmes de santé chroniques comme le cancer, l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

Isabelle Doré, professeure adjointe à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique, rappelle également que l’activité physique est associée à une diminution de l’indice de masse corporelle (IMC), réduisant ainsi les risques de blessures.

La professeure et chercheuse pousse la réflexion plus loin : l’activité physique est également bénéfique pour la santé mentale, aux plans biologique, psychologique et social.

Tout d’abord, l’activité physique favorise l’action de certains neurotransmetteurs, comme la sérotonine, connue pour son effet antidépresseur, et l’endorphine, réputée pour son effet analgésique et euphorisant. L’activité physique améliore également la circulation sanguine dans le corps et le cerveau, ce qui a un impact direct sur la réactivité du cortisol, l’hormone du stress. « Bouger, en augmentant la chaleur corporelle, vient au niveau biologique court-circuiter l’effet que le stress va avoir au niveau neurologique », explique madame Doré.

À l’échelle psychologique, la professeure soutient que l’activité physique a pour effet d’interrompre les pensées négatives, « en concentrant l’attention pendant un certain temps sur une action qui implique de la coordination et le mouvement de plusieurs parties du corps ». À ses yeux, le fait de bouger peut aussi favoriser un sentiment de contrôle, de compétence et de fierté, comme des objectifs sont fixés et atteints.

Finalement, madame Doré s’intéresse aux bienfaits liés aux interactions sociales favorisées par l’activité physique. « Marcher avec un proche ou rejoindre à vélo un collègue pour se rendre au travail sont des opportunités d’accroître les interactions sociales et d’échanger. Plus une personne a accès à un réseau social large et diversifié, plus la possibilité est grande que dans des situations d’adversité, de stress, d’anxiété, de dépression, elle ait accès à un réseau social qui pourra lui fournir les outils pour lutter contre ces symptômes ou pour renforcer son sentiment de bien-être et d’estime de soi. »

L’impact environnemental

Selon l’inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre (GES), produit par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le secteur des transports est le principal émetteur de GES au Québec.

En 2016, ses rejets atteignaient 33,8 millions de tonnes d’équivalents en dioxyde de carbone (Mt éq. CO2), soit 43 % des émissions québécoises. À lui seul, le transport routier représentait 80,1 % des émissions du secteur des transports, soit 34,4 % des émissions totales de GES.

La marche et le vélo s’avèrent donc des options plus respectueuses de l’environnement, lorsque la distance le permet. D’ailleurs, d’après Équiterre, une voiture pollue plus lors des premiers kilomètres que lorsque le moteur est chaud. Ainsi, l’organisme environnemental recommande d’opter pour la marche lorsque la distance à parcourir est inférieure à 3 km et le vélo pour les distances de moins de 5 km.

Réduire sa consommation de produits d’origine animale

L’impact sur la santé

Une alimentation riche en végétaux et plus faible en viande peut également contribuer à prévenir certaines conditions de santé, telles que les maladies cardiovasculaires, certains cancers, le diabète de type 2 et l’obésité.

Emmanuelle Dubuc-Fortin, nutritionniste et étudiante aux cycles supérieurs au Département de nutrition, explique que le végétarisme renferme beaucoup de fibres, retrouvées presque exclusivement dans les aliments d’origine végétale. « Les fibres ont l’avantage de faire baisser le mauvais cholestérol et la pression artérielle et de mieux réguler le niveau de sucre dans le sang, résume-t-elle. Ce type d’alimentation contient aussi moins de gras saturés et de cholestérol, deux types de gras que l’on recommande de limiter pour un cœur en santé et qui se retrouvent dans les produits d’origine animale. »

Madame Dubuc-Fortin est également l’auteure du volet nutritionnel du livre Viens Manger! – Le végétarisme en toute simplicité, un ouvrage numérique gratuit visant à outiller les étudiants de l’Université de Montréal pour introduire une alimentation végétarienne à leurs comportements alimentaires. Elle conseille de limiter la consommation de viande rouge et d’éviter les charcuteries, puisque ces aliments sont associés à une hausse du risque de cancer.

« Les protéines d’origine animale, les gras saturés et un type de fer qui se trouve dans la viande (fer hémique) sont également associés à une hausse du risque de diabète de type 2, renchérit la nutritionniste. En mangeant végé, on réduit grandement la consommation de ces trois substances, réduisant du même coup les risques de souffrir du diabète. »

L’impact environnemental

D’après une étude publiée en 2018 dans Nature, la production mondiale de viande est responsable à elle seule de 72 à 78 % de toutes les émissions de GES du secteur agricole mondial. Depuis les cinquante dernières années, cette production a été multipliée par quatre, passant de 75 millions de tonnes à plus de 300 millions de tonnes de viande.

À titre d’exemple, la production d’un seul kilogramme de bœuf génère 32,5 kg de CO2, 33 kg pour l’agneau et 2,9 kg pour le porc; comparativement à 0,1 kg pour le soya, 0,06 kg en moyenne pour les légumes, 0,7 kg pour les noix et 1,18 kg pour le riz.

Réduire substantiellement sa consommation de viande permet ainsi de diminuer les importantes émissions de GES, en plus de lutter contre la déforestation et l’épuisement des ressources en eau et en énergie.

Consommer des produits locaux et de saison

L’impact sur la santé

Emmanuelle Dubuc-Fortin affirme également que les denrées produites localement sont habituellement plus fraîches et offrent une plus grande qualité nutritive.

« Les produits locaux ont l’avantage d’être cueillis à maturité, ce qui fait en sorte qu’ils ont pu emmagasiner davantage de vitamines et de minéraux dans le sol avant la cueillette, précise-t-elle. Aussi, comme ils voyagent moins et sont entreposés moins longtemps, ils sont plus frais et plus goûteux, ce qui peut nous inciter à en consommer davantage. »

L’impact environnemental

L’organisme Équiterre rappelle que les aliments que l’on retrouve sur nos tablettes d’épicerie ont voyagé en moyenne 2 500 km, alors même que le Québec compte plus de 29 000 fermes. « En consommant les produits cultivés près de chez nous et de saison, on réduit les distances parcourues par nos aliments et les impacts négatifs du transport sur l’environnement. »

Aussi, en s’approvisionnant directement auprès des producteurs, on encourage une vente d’aliments généralement moins emballés.

Équiterre apporte toutefois une nuance quant au mode de transport utilisé, comme les émissions de GES varient d’un mode à l’autre. « Des légumes québécois qui ont traversé toute la province par camion ne sont pas forcément plus écolos que des légumes cultivés de l’autre côté de la frontière, mais arrivés par bateau. »

Allaiter

L’impact sur la santé

Par sa composition, le lait maternel est tout dédié pour contribuer au bon développement et à la santé du nouveau-né. Il contient plus de 200 composantes dont les bienfaits pour le bébé vont du développement du cerveau à la facilitation de la digestion, en passant par la défense contre les bactéries. Parmi ces ingrédients, certains ne peuvent être reproduits artificiellement, notamment des anticorps, des enzymes, des facteurs de croissance et des cellules vivantes.

La docteure Stefania Vandelli, chargée d’enseignement de clinique au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence et médecin de famille au GMF-U Bordeaux-Cartierville, explique que « les bébés allaités sont ainsi moins souvent touchés par certaines conditions de santé, notamment les infections gastro-intestinales, certaines maladies inflammatoires et le diabète ».

La docteure Vandelli ajoute que l’allaitement permet aussi un contact privilégié entre la mère et le bébé. « Comme l’allaitement oblige le bébé à regarder directement sa mère, il renforce le lien d’attachement et la proximité, en plus de procurer une chaleur supplémentaire, qui est particulièrement importante pour les bébés prématurés. »

Pour la mère, l’allaitement « stimule la production d’ocytocine, l’hormone qui contracte les muscles de l’utérus, permettant à ce dernier de reprendre sa forme initiale plus rapidement », affirme la docteure Vandelli.

Finalement, une mère qui allaite a tendance à perdre plus rapidement le poids pris pendant la grossesse et à mieux dormir, comme l’allaitement est « une demande calorique assez importante et que la prolactine, l’hormone stimulant la lactation, favorise l’endormissement ».

L’impact environnemental

En octobre dernier, une étude publiée dans le British Medical Journal faisait la lumière sur l’empreinte écologique minime, voire nulle, de l’allaitement, en comparaison à celle des préparations de lait maternisé.

Selon les auteurs, l’allaitement maternel d’un nouveau-né pendant six mois préviendrait la production de 95 à 153 kg de CO₂ provoquée par l’utilisation de préparations commerciales pour nourrissons. C’est l’équivalent des émissions de carbone qu’engendrent entre 50 000 et 77 500 voitures par année.

Les auteurs dénoncent également les conserves de lait maternisé déversées chaque année dans les sites d’enfouissement, et la dépense énergétique nécessaire pour préparer un biberon de lait maternisé de façon sécuritaire. D’après leurs recherches, l’énergie demandée pour dissoudre la poudre dans de l’eau chauffée au minimum à 70 °C, pendant une année entière, correspond à celle pouvant servir à la recharge de 200 millions de téléphones intelligents.

Abaisser la température de son environnement

L’impact sur la santé

Un chercheur et professeur d’écologie et de santé à l’université de Maastricht aux Pays-Bas, Wouter van Marken Lichtenbelt, publiait en 2017 une étude montrant qu’une exposition intermittente au froid léger aurait plusieurs bienfaits sur la santé, dont la prévention de l’obésité.

Parue dans le journal Building Research & Information, cette étude avance que l’exposition à une légère sensation de froid engendre une activation du tissu adipeux brun qui augmente le métabolisme et les dépenses énergétiques qui peuvent aider à lutter contre l’obésité.

L’étude a également démontré que le froid intermittent permettrait aux diabétiques de type 2 de voir leur sensibilité à l’insuline augmenter de plus de 40 %. « Des résultats pour le traitement du diabète qui sont comparables aux meilleures solutions pharmaceutiques disponibles », a constaté le chercheur.

L’impact environnemental

Hydro Québec affirme que, durant les saisons froides, abaisser la température de 3 °C permet de réduire de 4 à 5 % sa consommation énergétique.

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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