Deux pour cent. Voilà la proportion d’étudiants noirs menant actuellement des études en médecine à l’Université de Montréal. Deux pour cent, quand la communauté noire est la minorité visible la plus populeuse à Montréal et au Québec.
Pour s’attaquer à cette dichotomie, le Projet SEUR, l’aile jeunesse de l’Association médicale des personnes de race noire du Québec (AMPRNQ) et la Faculté de médecine de l’Université de Montréal se sont associés dans une visée commune : briser le plafond de verre qui freine les étudiants de la communauté noire à entreprendre des études en médecine et en santé.
Le Projet SEUR (Sensibilisation aux Études, à l’Université et à la Recherche) est un programme qui encourage la persévérance scolaire chez les élèves du secondaire et du collégial. L’AMPRNQ vise à fournir un soutien financier aux étudiants noirs poursuivant des études dans le domaine médical ou des sciences de la santé au Québec. Son aile jeunesse, composée d’étudiants de divers programmes reliés à la santé, cherche à rassembler ces étudiants et à sensibiliser la population universitaire aux enjeux de santé touchant la communauté noire.
Ensemble, les deux organisations ont développé un programme de mentorat pour des jeunes du secondaire. Le projet SEUR fournit à l’AMPRNQ le bassin de jeunes élèves noirs, et l’association se charge de les jumeler avec des étudiants noirs de la Faculté de médecine.
« Nos jeunes manquent d’informations, explique Stéphanie Lebœuf, coordonnatrice du Projet SEUR. Parfois, on sent qu’ils ont envie de travailler dans le milieu de la santé, mais comme ils ne connaissent pas bien les étapes pour y arriver, ça reste dans le domaine du rêve. Les mentors de l’AMPRNQ amènent donc toutes ces précisions, en plus d’agir comme modèles positifs de réussite scolaire et de les connecter avec les milieux, qu’ils soient universitaires, étudiants ou cliniques. »
Le programme de mentorat fonctionne de la façon suivante : un jeune en quatrième ou en cinquième secondaire est jumelé avec un mentor étudiant en sciences de la santé, afin qu’ils puissent se rencontrer à l’université ou dans un milieu clinique, ou de façon plus informelle, par exemple dans un café. « Le mentor peut alors répondre à toutes les questions du jeune, le stimuler, lui donner de l’information sur les études et sur les étapes pour y parvenir, lui parler de sa vie étudiante », ajoute Samantha Bizimungu, présidente de l’aile jeunesse de l’AMPRNQ et étudiante en troisième année de médecine.
Une réflexion sur les inégalités
Aux yeux de madame Bizimungu, la représentation de la communauté noire dans les études en santé est aussi primordiale pour accroître la diversité lors de la dispensation des soins. « En stage, on voit beaucoup la différence, on traite des patients venant de plusieurs communautés ethniques, précise l’étudiante. Je pense donc que c’est important que les professionnels de la santé partagent cette diversité, afin qu’ils puissent échanger des expériences communes avec leurs patients et, qui sait, faciliter la communication. »
Madame Lebœuf renchérit qu’il s’agit d’une question de « justice sociale », que tous les jeunes, peu importe leur contexte socioculturel, devraient avoir la même chance d’accéder aux programmes d’études qui les passionnent.
Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux