Le leadership des médecins de famille

Ils soignent, ils accompagnent, ils soutiennent les équipes sur le terrain, ils établissent des protocoles, ils consolent, ils répondent aux urgences. Œuvrant en première ligne, les médecins de famille et urgentologues ont toujours joué un rôle très important dans le milieu de la santé.

La pandémie actuelle démontre plus que jamais toute la pertinence de leur expertise, particulièrement auprès des personnes âgées en perte d’autonomie. Plongés au cœur d’une crise sans précédent, les membres du Département de médecine de famille et de médecine d’urgence (DMFMU) se sont fortement mobilisés pour répondre rapidement et adéquatement au drame qui se déroule devant eux.

Une réorganisation massive des soins

« J’ai été témoin d’une grande implication au sein du département, affirme la docteure Nathalie Caire Fon, directrice du DMFMU. Les médecins ont dû faire preuve d’un énorme leadership médical pour apprivoiser une maladie que nous ne connaissions pas. D’une façon très, très rapide, nous avons été capables de réorienter notre pratique et de repenser les soins, et ce dans tous les milieux, dans les CUMF, les hôpitaux et les urgences. »

À cet effet, les médecins de famille ont accepté au pied levé des postes de gestion afin notamment de créer de toutes pièces des processus, trouver des moyens alternatifs et sécuritaires pour continuer à traiter leurs patients à distance, protéger les groupes particulièrement vulnérables (notamment ceux en situation d’itinérance) et distribuer les ressources là où les besoins étaient les plus criants.

Parmi les initiatives déployées, notons la conversion de l’Hôtel Place Dupuis en milieu d’hébergement temporaire pour les patients positifs peu malades provenant de résidences n’étant pas en mesure de respecter les consignes d’isolement. « Le GMF-U des Faubourgs et le GMF-U Notre-Dame ont collaboré ensemble pour la mise sur pied de ce projet où l’interdisciplinarité était remarquable – c’est un merveilleux exemple de collaboration interprofessionnelle et de leadership pour les résidents qui y sont allés en stage », croit le docteur René Wittmer, co-directeur local de programme par intérim au GMF-U des Faubourgs et professeur adjoint de clinique au DMFMU.

Médecins, mais AUSSI enseignants

En plus de répondre aux besoins des communautés à titre de médecins, les membres du DMFMU jouent également un rôle académique dans la formation des résidents de la Faculté de médecine. À ce chapitre, ils ont dû rapidement adapter leurs façons d’enseigner au contexte actuel, « afin de permettre aux résidents d’avoir accès à la même qualité de formation », explique la docteure Isabelle Gosselin, directrice adjointe du programme de résidence en médecine de famille.

Aux yeux du docteur Wittmer, cette adaptation s’est avérée être un exercice positif pour les apprenants. « Bien sûr, les résidents ont pu parfaire leurs connaissances cliniques, mais la pandémie a aussi favorisé une autre forme d’apprentissage sur le terrain : celle de la flexibilité, de la capacité d’adaptation, de l’innovation », précise le médecin de famille.

La docteure Caire Fon renchérit que les résidents ont particulièrement été exposés au partenariat de soins : « On pourrait croire que, comme les familles étaient loin physiquement de leur proche malade, elles ont été exclues des soins, mais c’est tout l’inverse. Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour pouvoir connecter virtuellement la famille au patient et l’impliquer dans les décisions. Et les résidents ont pu y prendre part. »

D’ailleurs, la directrice du DMFMU ajoute que les Unités de formation clinique interprofessionnelles universitaires (UFCI-U) ont grandement servi à l’implication et la pertinence des résidents à titre de soignants. En fait, comme ces unités permettent aux résidents en médecine de famille de l’UdeM de s’exposer aux soins aux personnes âgées, ces derniers étaient « plus à l’aise dans ce type de soins et ont vraiment fait une différence sur le terrain ».

Au final, cette mobilisation, cette polyvalence, ce sens de la responsabilité sociale et cette souplesse auront permis aux enseignants et aux apprenants du DMFMU de « générer du beau malgré la crise », comme le conclut le docteur Wittmer.

 

Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux

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