Quatre membres du corps professoral de la Faculté de médecine figurent parmi les 32 personnalités récompensées de la plus haute distinction honorifique du Québec.
L’Ordre national du Québec honore les personnes ayant participé à l’évolution et au rayonnement du Québec, que ce soit par leur engagement, leurs réalisations, ou leurs idéaux, et qui ont laissé une empreinte dans l’imaginaire québécois.
Le titre de grand officier, grade le plus élevé de l’Ordre, a ainsi été remis à Michel Chrétien, tandis que l’insigne d’officière a été attribué à Caroline Quach-Thanh, et celui de chevalier à Michel Bouvier et à Vincent Dumez, au cours d’une cérémonie qui s’est tenue le 22 juin à l’hôtel du Parlement.
Michel Chrétien
Professeur émérite au Département de médecine, le Dr Michel Chrétien a été un pionnier dans le domaine de l’endoprotéolyse au Canada. Force incontestée sur la scène nationale et internationale en ce domaine, il a propulsé l‘Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) sur la scène mondiale.
En 1967, le médecin endocrinologue formule le concept novateur – aujourd’hui reconnu comme la théorie des prohormones – selon lequel les hormones peptidiques sont produites par des clivages endoprotéolytiques de précurseurs inactifs à des paires d’acides aminés basiques.
La même année, il se joint à l’IRCM et crée le premier laboratoire de chimie des protéines au Québec. De 1984 à 1994, à titre de directeur scientifique de l’IRCM, il contribue à l’essor remarquable de l’Institut et consolide l’arrimage entre la clinique et la recherche fondamentale. De retour à l’IRCM en 2012, après un bref passage à la tête de l’Institut Loeb à Ottawa (devenu l’OHRI), il poursuit ses recherches sur l’implication des protéines convertases (PC/PCSK) dans le maintien de la santé et dans les désordres métaboliques tels l’hypercholestérolémie et l’hypocholestérolémie.
Durant près de 60 ans, le Dr Chrétien s’est affirmé comme un ardent promoteur de la liberté académique et de la recherche fondamentale et clinique. Ses écrits et ses actions auront favorisé la mise sur pied notamment du programme de chercheur-boursier du FRQS et la création du consortium international CAV-CIAV sur les antiviraux.
Caroline Quach-Thanh
Professeure au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie et au Département de pédiatrie, la Dre Quach-Thanh s’est jointe en 2017 à la Faculté de médecine et au CHU Sainte-Justine afin de développer les aspects cliniques et de recherche en prévention des infections et en vaccination.
À titre de membre de comités provinciaux, nationaux et internationaux en microbiologie et infectiologie ainsi qu’en santé publique, la Dre Quach-Thanh participe activement à la mise en place des politiques de santé publique. Très active en recherche et dotée d’une aisance à communiquer et à vulgariser l’information scientifique, elle est devenue une figure de confiance incontournable de la pandémie de COVID-19. Par son ton calme et son pragmatisme, elle a su convaincre la population québécoise de l’importance de l’immunisation et du bien-fondé des mesures sanitaires imposées par le gouvernement.
Excellant dans plusieurs domaines et ayant acquis une notoriété enviable, la Dre Quach-Thanh s’est donné pour mission de mettre les femmes en lumière et de les faire briller à leur tour par leurs succès. Elle leur donne notamment l’occasion de rencontrer des experts et les aide à définir une carrière à la hauteur de leurs ambitions.
Michel Bouvier
Professeur au Département de biochimie et médecine moléculaire, Michel Bouvier est chercheur principal à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) qu’il dirige depuis 2014.
Expert de renommée internationale, il se consacre à l’étude des mécanismes moléculaires qui régissent la signalisation cellulaire par le biais des RCPG, dans l’objectif de découvrir de nouveaux médicaments plus efficaces avec moins d’effets secondaires. Ses percées dans le domaine des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) ont permis de développer de nouvelles approches thérapeutiques pour diverses maladies, dont le cancer, le diabète et l’obésité.
À la tête du « Bouvier Lab », le Laboratoire de pharmacologie moléculaire et signalisation cellulaire qu’il a mis sur pied en 1989 à l’UdeM, il favorise le transfert de connaissances, de la recherche fondamentale aux applications thérapeutiques, et encourage par le fait même les interactions avec l’industrie pharmaceutique, tout en préservant une indépendance créatrice.
Au cours de sa carrière, il a contribué au développement de la recherche sur les médicaments au Québec, en participant notamment à la fondation de l’IRIC – Commercialisation de la recherche (IRICoR), du Groupe de recherche universitaire sur le médicament (GRUM) et du Réseau québécois en recherche sur les médicaments (RQRM).
Vincent Dumez
Hémophile sévère de naissance, Vincent Dumez a été contraint d’apprendre à s’autotransfuser dès l’âge de six ans afin de gérer ses nombreuses hémorragies. À 14 ans, dans la foulée du scandale du sang contaminé, il contracte le VIH et trois hépatites. Cette terrible condition deviendra le moteur de son action communautaire durant la crise du SIDA dans les années 1980 et 1990 et fera de lui un fervent défenseur de la notion de « patient partenaire » : le patient doit être considéré comme un partenaire de soins, membre à part entière des équipes cliniques et académiques.
Le savoir et l’expertise personnelle du patient sont ainsi mis à contribution pour améliorer sa propre condition, intervenir dans la formation de la relève en santé et influer sur les pratiques médicales. Cette approche novatrice favorise en outre le développement de soins personnalisés.
En 2010, le Bureau du patient partenaire (BPP) est créé à l’UdeM sous l’égide de M. Dumez. Avec son équipe, il orchestre un profond changement de culture qui va transformer les pratiques de soins au Québec, au Canada et à l’international. En 2013, il développe et codirige le Centre d’excellence sur le partenariat avec les patients et le public (CEPPP), qui vise à faire du partenariat patient une science. En avril 2020, il cofonde le Réseau québécois COVID-pandémie du FRQ-S qu’il codirige.
Récemment nommé directeur des partenariats communautaires au sein du vice-décanat aux sciences de la santé de la Faculté de médecine, Vincent Dumez assure le développement de la stratégie de partenariats communautaires et guide son déploiement. Aujourd’hui, à l’UdeM, plus de 200 patients partenaires enseignent à des milliers d’étudiantes et étudiants dans le cadre de cours sur la collaboration en partenariat.
Parce qu’il exerce une grande influence dans le monde de la santé, Vincent Dumez a été nommé «vrai influenceur» par La Presse +.