Chez les enfants sourds, l’initiation à la langue des signes avant et après la pose d’un implant cochléaire améliorerait leurs compétences linguistiques et cognitives.
De nombreux chercheurs et cliniciens conseillent aux parents d’enfants en attente d’une implantation cochléaire et dont la surdité a été diagnostiquée à la naissance, ou peu de temps après, de se concentrer exclusivement sur la langue orale.
On pourrait croire que l’initiation à la langue des signes accapare les aires du cerveau vouées à l’apprentissage de la langue orale. On estime alors que l’implantation aurait moins de chances de réussir en raison de la «prise de contrôle visuelle» des voies neurologiques typiquement consacrées à l’audition.
Or, une récente étude met en lumière que l’initiation à la langue des signes avant et après l’opération peut avoir des effets positifs sur la langue parlée et les capacités de mémoire phonologique des enfants sourds porteurs d’implants cochléaires.
L’étude a été menée par Audrey Delcenserie, étudiante de doctorat en neuropsychologie dirigée par François Champoux, professeur à l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’Université de Montréal. La doctorante a comparé les habiletés langagières d’enfants sourds initiés à la langue des signes avant et après l’implantation cochléaire avec celles d’enfants sourds jamais initiés à cette langue et avec celles d’enfants entendants.
«Nos résultats montrent qu’une initiation précoce à la langue des signes améliore non seulement les compétences en vocabulaire parlé, mais aussi la morphologie, la conscience phonologique, la mémoire phonologique et la grammaire expressive», indique Audrey Delcenserie.