Au CHUM, une équipe traite les troubles neurologiques fonctionnels, où le cerveau se dérègle sans lésion. L’UdeM intégrera le modèle de traitement au cursus des études médicales dès janvier.
Un cerveau qui se dérègle sans être endommagé. Des symptômes bien réels sans maladie détectable. Au CHUM, une équipe interdisciplinaire traite les troubles neurologiques fonctionnels selon un nouveau modèle scientifique. Et dès janvier, celui-ci fera son entrée dans l’enseignement, pour la première fois au Québec, à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Un matin, tout bascule
Les premiers symptômes sont apparus un matin de novembre 2022: vision floue, étourdissements, engourdissements des mains, nausées. La veille, Meggy Gagliardi s’était divertie pendant quatre heures avec un casque de réalité virtuelle. «J’avais l’impression d’être sur un bateau. Je me tenais littéralement aux murs pour marcher», raconte la femme de 38 ans qui avait pourtant l’habitude de ces expériences immersives.
Trois jours plus tard, devant l’absence d’amélioration de son état, elle se résout à consulter. La médecin de garde évoque alors une sclérose en plaques ou la maladie de Ménière. «Ça nous a mis en état de panique, mon conjoint et moi», dit-elle. Elle est aussitôt mise en arrêt de travail et se voit interdire de conduire.
Peu après, une perte de conscience la mène tout droit à l’hôpital, où elle se heurte au scepticisme des membres du personnel médical. «Tout ce qu’ils ont vérifié, c’est si j’avais la COVID-19 ou si j’étais enceinte», déplore-t-elle. On suspecte des migraines avec aura ou un épuisement postpartum. «Mais moi, je ne me sentais pas épuisée, ajoute-t-elle. Je n’étais pas dépressive. Ce que j’avais perdu, c’était mes moyens physiques!»
Son état se détériore de jour en jour, tandis qu’apparaît une panoplie de symptômes «bizarres». Les écrans, la lecture, la télé, même le téléphone lui donnent le vertige. «Je ne pouvais plus rien faire. Je me sentais prisonnière de mon corps», se souvient-elle. Ses enfants, alors âgés de deux et trois ans, ne comprennent pas pourquoi maman ne peut plus les prendre dans ses bras. «Je n’avais pas la force ni l’équilibre. J’avais le cœur en mille miettes!» confie-t-elle.



