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Une équipe internationale, dirigée par deux chercheurs du CRCHUM, met en évidence la capacité d’une molécule à ouvrir la «carapace» du VIH et à ainsi améliorer l’élimination de cellules infectées.
Dans une étude publiée dans Nature Communications, les chercheurs du Centre de recherche du CHUM Jonathan Richard et Andrés Finzi montrent comment un nouveau mimétique moléculaire du récepteur CD4, nommé CJF-III-288, modifie la structure de l’enveloppe du VIH de façon inédite et entraîne une réponse immunitaire plus efficace.
Cette molécule, semblable à la protéine CD4 permettant au virus de pénétrer dans les cellules, se lie au VIH et le force à exposer ses vulnérabilités au système immunitaire.
«Contrairement aux mimétiques précédents, CJF-III-288 agit à faible dose sur plusieurs souches primaires du VIH. Il permet à des anticorps spécifiques, les anti-CoRBS, de déclencher une réponse cytotoxique connue sous le nom de cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps [ADCC]», explique le virologue Jonathan Richard, associé de recherche dans le laboratoire d’Andrés Finzi et copremier auteur de l’étude.
Le mécanisme ADCC est l’un des moyens du système immunitaire pour éliminer les cellules infectées.
«Jusqu’ici, ces anticorps étaient inefficaces sans l’aide d’un mimétique CD4 et d’autres anticorps appelés anti-clusters A, dit Andrés Finzi, professeur titulaire au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de la Faculté de médecine de l’UdeM. C’est la première fois qu’on démontre que les anticorps anti-CoRBS peuvent agir seuls en combinaison avec un mimétique de CD4.»
Pour les personnes vivant avec le VIH, cette approche pourrait constituer un pas décisif en réduisant les réservoirs viraux, ces cellules dormantes du virus qui échappent aux traitements actuels et empêchent la guérison complète.
VIH: une molécule ouvre une brèche dans le virus et donne accès à ses réservoirs
Le 19 novembre, plus de 1500 étudiantes et étudiants de 3e année issus de diverses disciplines, de la santé et des services sociaux ont été réunis dans le cadre de la formation interfacultaire PARTENAIRES de l’Université de Montréal.
Destiné à l’enseignement de la collaboration interprofessionnelle et du partenariat avec les patients, ce curriculum vise à outiller la relève pour faire face aux défis complexes du système de santé et des services sociaux.
Dans cette logique, la formation PARTENAIRES a organisé une conférence sur un enjeu majeur de société : Soigner sans adresse – la collaboration en contexte d’itinérance.
La soirée s’est ouverte sur un constat clair : pour mieux soutenir les personnes en situation d’itinérance, la mobilisation concertée des milieux de la santé, des services sociaux, communautaires, municipaux — et des personnes directement concernées — est essentielle.
Quels modèles de collaboration existent déjà sur le terrain? Comment renforcer l’inclusion, l’accessibilité et l’équité dans l’accès aux soins? Quels leviers collectifs activer pour assurer santé et sécurité au-delà des actions isolées? Autant de questions explorées par les conférencières, les conférenciers et les panélistes.
Fady Dagher : intervenir en amont, ensemble
Pour lancer la discussion, la Faculté a accueilli Fady Dagher, directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), reconnu pour son approche humaine et novatrice de la sécurité publique.

Pour lui l’action concertée sur le terrain est indispensable pour mieux soutenir les personnes en situation d’itinérance et transformer les pratiques. D’entrée de jeu, le chef de police a rappelé son rôle dans la mise en place de plusieurs initiatives policières axées sur l’itinérance et la santé mentale, dont l’équipe EMRII (2008) et l’équipe ESUP (2012), née à la suite d’un événement tragique survenu au centre-ville.
Ces projets, qui combinent compétences policières et sociales, ont mené à l’une de ses innovations phares : le programme Immersion. Ici, les recrues passent 4 à 5 semaines sans uniforme, dans des milieux vulnérables (santé mentale, violence conjugale, itinérance). L’objectif : comprendre le « code de la rue », éviter la judiciarisation inutile et tisser des liens avec les partenaires communautaires.
Pour Fady Dagher, il est impératif de sortir de la réaction : « On ne peut plus être seulement en réaction », martèle-t-il, comparant les interventions répétées à un traitement « qui ne s’attaque jamais à la cause ». Les approches proactives, menées avec les services sociaux et communautaires, ont permis d’éliminer des appels chroniques à des adresses ciblées, avec un taux de réussite de 100 %, affirme-t-il.
Il a ensuite lancé un appel au milieu universitaire. Avec quelque 400 médecins et 30 à 40 psychiatres formés chaque année, il est possible de mettre en place une formation où les futurs policiers et les futurs soignants apprendraient ensemble, sur le terrain, en immersion communautaire. « Imaginez 40 à 50 policiers au centre-ville, patrouillant à pied, accompagnés de résidentes et résidents en médecine ou en psychiatrie. En dix ans, ça peut changer la rue. »
Et pour cela, croit-il, il faut unir la police, le milieu universitaire et les organismes communautaires, déployer des équipes mixtes sur le terrain, créer des navettes d’intervention et éviter, autant que possible, les parcours judiciaires et hospitaliers.
« On peut agir dès maintenant L’hiver arrive. C’est le moment de bâtir ensemble le village qui prend soin des gens. » ‒ Fady Dagher, chef du SPVM
Olivier Farmer : reconstruire le réseau autour des personnes
Olivier Farmer, professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine et psychiatre à l’Hôpital Notre-Dame, a ensuite livré son diagnostic : l’itinérance est le symptôme d’un écosystème fragmenté où la police, le milieu de la santé et les refuges ont longtemps travaillé en silo.

Photo : Marc-André Lapierre
Pendant des années, dit-il, personne ne voyait vraiment les besoins réels des personnes en situation d’itinérance. « L’hôpital les traitait brièvement, les refuges tentaient de les renvoyer vers les soins, et aucun acteur n’avait les moyens ni la vision d’agir efficacement. » Selon lui, la solution a été de bâtir un véritable partenariat entre les secteurs. En écoutant les personnes concernées, une priorité s’est imposée : mener les gens vers le logement, point d’ancrage sur lequel tous peuvent s’entendre.
Le professeur agrégé de clinique et psychiatre a aussi présenté des initiatives telles que PRISM, où travailleurs sociaux, psychiatres, infirmières et intervenants œuvrent ensemble, ainsi qu’un maillage en amont (repérage par le SPVM) et en aval (accompagnement vers le logement, revenus et pièces d’identité). Résultat : un écosystème transformé, où trajectoires, soins et soutien communautaire s’articulent autour des personnes.
Cette approche de proximité, affirme-t-il, ne devrait pas se limiter à l’itinérance: «Même Monsieur et Madame Tout-le-monde détestent vivre une crise à l’urgence. C’est tout le réseau psychiatrique et social qui gagnerait à adopter une logique de collaboration sur le terrain. »
Ce qu’il faut retenir du panel Soigner sans adresse
Autour de la table, cinq voix complémentaires ont éclairé les enjeux du terrain :
- Céline Bellot, professeure à l’École de travail social et spécialiste des profilages
- Émilie Fortier, vice-présidente des services de la Mission Old Brewery
- Mathieu Isabel, médecin de famille et professeur adjoint de clinique au DMFMU
- Lucie Catherine Ouimet, infirmière praticienne spécialisée en soins de proximité auprès des communautés autochtones
- Farin Shore, pair-aidant en itinérance et en toxicomanie auprès de Médecins du Monde
Ensemble, ils ont dégagé plusieurs constats clés :
- Personne ne peut agir seul. L’itinérance est un enjeu collectif qui exige une collaboration réelle entre le milieu de la santé, les services sociaux, le milieu communautaire, la police, les refuges et les personnes concernées.
- Aller vers les personnes vulnérables. Les soins de proximité – dans la rue, les refuges, les centres autochtones, par télémédecine ou en équipes mixtes – changent la donne pour des personnes qui ne franchissent jamais la porte d’une salle d’attente.
- Le logement comme assise. Personne ne souhaite se retrouver en situation d’itinérance. Faire du logement l’objectif central permet de relier les interventions sociales, médicales et communautaires.
- Valoriser les savoirs expérientiels. Les pairs aidants et les personnes ayant vécu l’itinérance jouent un rôle clé pour briser la méfiance, décoder la réalité de la rue et retisser des liens.
- Remettre la personne au centre des soins. Plutôt que de parler des personnes concernées, il faut décider avec elles, à leur rythme, en tenant compte de leurs droits, de leurs préférences et de leur dignité. L’itinérance est un enjeu de justice sociale autant que de santé.
Soigner sans adresse : repenser la collaboration pour vaincre l’itinérance
Une étude jette un nouvel éclairage sur les caractéristiques de l’hyperacousie, cette hypersensibilité auditive encore mal comprise et pour laquelle les outils d’évaluation clinique demeurent limités.
Pour la plupart d’entre nous, le bourdonnement d’un réfrigérateur, le cliquetis d’assiettes ou une conversation animée ne sont que de simples sons qui animent le quotidien. Mais pour certaines personnes, ces mêmes bruits de fond sont inconfortables, voire angoissants ou douloureux. Cette hypersensibilité auditive porte un nom: l’hyperacousie.
Ce trouble peut apparaître à la suite d’un traumatisme crânien, chez certaines personnes autistes, en raison de maladies de l’oreille ou encore n’avoir aucune cause identifiable. Quelle qu’en soit l’origine, les conséquences sur la vie quotidienne sont notables, allant de la peur du bruit à l’isolement social en passant par le port excessif de bouchons ou de coquilles antibruits.
Charlotte Bigras, chargée de cours à l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’Université de Montréal et audiologiste, se consacre à l’étude de l’hyperacousie depuis plusieurs années. Les travaux sur le sujet ne sont pas légion et le manque de connaissances qui en découle vient avec une absence d’outils diagnostiques.
«Ce qu’on utilise pour l’instant, ce sont des outils très subjectifs, comme la mesure des seuils d’inconfort ou les questionnaires, indique l’audiologiste. Nous n’avons rien d’objectif, ce qui devient problématique pour évaluer l’efficacité d’une intervention, mais aussi pour faire reconnaître l’hyperacousie par des agents payeurs comme la CNESST [Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail].»
Hyperacousie: vers un meilleur dépistage
L’essai «Soigner, écrire», de la Dre Ouanessa Younsi, publié aux Presses de l’Université de Montréal, est récompensé par le Prix du Gouverneur général.
«J’écris parce que quelque chose me happe que je ne saisis pas, puis survient ce combat, je veux comprendre, mais cela échappe à la raison, les mots me devancent, sautent sur la page comme des punaises, je les écrase et ils recommencent et j’essaie de fabriquer un récit comme on crée un rêve», écrit dans Soigner, écrire Ouanessa Younsi, professeur au Département de psychiatrie et d’addictologie de psychiatre de la Faculté de médecine de l’UdeM, psychiatre et écrivaine.
Son livre, qui avait déjà remporté le Prix de la revue Études françaises, vient d’être récompensé par le prestigieux Prix du Gouverneur général dans la catégorie des essais.
Ouanessa Younsi ou écrire pour soigner
Un financement danois permet à une équipe de l’École de réadaptation de participer à un essai clinique international inédit sur la prise en charge des troubles musculosquelettiques.
François Desmeules, professeur titulaire à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et chercheur à l’Unité de recherche clinique en orthopédie du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, obtient, à titre de co-investigateur principal, un financement de près de 1,2 M$ du Danish Independent Research Fund (DFF) pour renforcer la recherche clinique en physiothérapie avancée.
Près de 1,2 M$ pour un projet international sur la pratique avancée en physiothérapie
Un essai clinique évalue l’efficacité de la réalité virtuelle et de l’hypnose pour soulager les douleurs chroniques de personnes âgées souffrant d’arthrite des mains.
Soulager la douleur grâce à un voyage immersif au cœur de paysages québécois.
Tel est le pari d’une équipe de recherche dirigée par David Ogez, professeur sous octroi adjoint au Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur de la Faculté de médecine de l’UdeM et clinicien-chercheur au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
En collaboration avec Valentyn Fournier, chercheur postdoctoral, il teste une approche alliant hypnose médicale et réalité virtuelle pour aider les personnes vieillissantes qui souffrent d’une affection douloureuse chronique répandue, à savoir l’arthrite des mains.
«Les douleurs chroniques représentent un enjeu majeur de santé publique, car elles touchent environ une personne sur cinq au Canada et jusqu’à une sur trois chez les individus de plus de 60 ans. Ces douleurs ont des répercussions importantes sur la qualité de vie, la mobilité et la santé mentale. Or, à part la pharmacologie, il y a peu de solutions», déplore David Ogez.
Hypnose et réalité virtuelle pour apaiser la douleur
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