Dans son édition du mois de mars 2015, le Canadian Journal of Psychiatry commémore le 10e anniversaire de fondation de la Chaire Eli Lilly Canada en schizophrénie de l’UdeM avec la parution d’un supplément spécial qui souligne également les 60 ans d’utilisation des neuroleptiques en Amérique du Nord.
L’ancien titulaire de la chaire, Emmanuel Stip, de même que le nouveau titulaire, Stéphane Potvin ont lancé l’initiative et coordonné le numéro qui contient 56 pages et 7 articles. Ils ont sollicité des cliniciens et chercheurs canadiens spécialisés dans ce domaine de même que les titulaires de chaires : William Honer de UBC Vancouver, Garry Remington du CAMH Toronto, Ashok Malla de McGill et tous leurs collaborateurs.
La Chaire Eli Lilly sur la schizophrénie a été créée dans le contexte de la création des chaires de recherche au Canada. Sous l’initiative des fondations des hôpitaux Sacré-Cœur de Montréal et de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, ainsi que de leur département de psychiatrie respectif, une charte fut établie avec le Bureau du développement de l’Université de Montréal afin de créer des liens avec un partenaire de l’industrie au Canada, s’inspirant en cela des chaires de dotations et de capitalisation.
C’est la compagnie Eli Lilly Canada qui concrétisa cet effort en apportant un capital dédié à la recherche sur la schizophrénie. Ce montant fut accompagné par celui des deux fondations hospitalières, puis celui de la fondation du CHUM. Pour sa part, l’Université de Montréal apporta une contribution importante pour la gestion, l’apport d’un poste académique et la validation d’un protocole de Chaire qui garantit une indépendance intellectuelle et scientifique à son titulaire à l’égard des activités scientifiques.
L’article d’ouverture du supplément du mois de mars 2015 du Canadien Journal of Psychiatry est dédié à la reconnaissance des importantes réalisations et des contributions scientifiques remarquables accomplies par la Chaire Eli Lilly sur la schizophrénie durant les dix dernières années. Cet éditorial est suivi d’articles témoignant d’une recherche féconde au Canada et d’un esprit critique sur l’introduction, les perspectives et les enjeux du traitement.
Ainsi, en utilisant les données de la RAMQ concernant 8 000 patients, les découvertes publiées par l’équipe du Dr Stip démontrent que l’utilisation des antipsychotiques sous forme injectable à longue action (l’effet dure plusieurs semaines) entraîne une diminution du nombre ainsi que de la durée des hospitalisations, en plus d’engendrer des économies annuelles de près de 8 000 $ par patient.
Dans un autre article, on démontre que l’utilisation d’un antipsychotique modifie les activités cérébrales mesurées en résonnance magnétique fonctionnelle liées aux stimuli visuels de l’appétit. Ces données sur le comportement alimentaire et sur l’appétit sont aussi reliées à des neuropeptides comme la ghréline ou la leptine qui sont modifiées par la schizophrénie elle-même et par les médicaments.
En outre, dans une perspective historique sur l’arrivée de la chlorpromazine en Amérique du Nord, qui est habituellement attribuée à un académique Canadien, la recherche détaillée remet en question le dogme et consacre le rôle crucial et de pionnier d’un psychiatre du Saguenay-Lac-Saint-Jean ayant publié auparavant dans la revue Saguenay médical. Remise en question amusante mise en valeur par des articles sur l’évolution de la connaissance des neuroleptiques, de la dopamine, et de la sérendipité.