Nouveau facteur de risque de grossesse

Selon une étude publiée dans la revue scientifique Obstetrics & Gynecology par des médecins et chercheurs du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal, les femmes nées prématurées ont un risque plus élevé de donner naissance à un enfant prématuré. Durant la période étudiée, les chercheurs ont démontré que 13 % des femmes nées avant 37 semaines de gestation avaient donné naissance prématurément au moins une fois contre 9,5 % chez les femmes nées à terme. Ce chiffre passait à 14 % chez celles nées avant 32 semaines. «La différence n’est pas alarmante, considérant que globalement, la grande majorité des femmes nées prématurément ont accouché à terme. Mais elle est suffisamment importante pour considérer la naissance prématurée un facteur de risque dont on pourrait tenir compte dans le suivi de grossesse», affirme la Dre Anne Monique Nuyt, qui a dirigé l’étude.

Jusqu’ici, on savait qu’un faible poids à la naissance augmentait le risque d’accouchement prématuré. Mais qu’en est-il des bébés dont le poids est faible, mais malgré tout normal pour un prématuré né à cet âge? «Nos résultats sont sans équivoque. Le simple fait d’être née avant terme augmente le risque d’accoucher prématurément», affirme Ariane Boivin première auteure de l’article. Elle explique que pour y voir plus clair, l’équipe de recherche a isolé le facteur «née avant terme» du facteur «poids à la naissance compte tenu de l’âge gestationnel». Pour ce faire, elle a analysé les données d’une cohorte québécoise de 7 405 femmes nées prématurément sur une période de 19 ans, soit de 1976 à 1995, et les a comparées à celles de femmes nées à terme.

«Sachant que le fait d’être née avant terme constitue pour une future mère un facteur de risque, les obstétriciens pourraient informer leurs patientes des signes avant-coureurs d’un travail préterme, afin qu’elles puissent être vigilantes et consulter rapidement si des contractions surviennent», ajoute la Dre Nuyt. Les perspectives de prévention de la prématurité comptent aussi parmi les avantages soulevés par la chercheuse. «Inclure la naissance prématurée dans les facteurs de risque de grossesse permettrait aussi de mieux cibler les femmes qui sont le plus à risque le jour où un traitement préventif sera disponible», renchérit-elle. Certains de ses collègues au CHU Sainte-Justine travaillent d’ailleurs à mettre au point un médicament qui préviendrait l’accouchement prématuré, et permettrait ainsi au fœtus de poursuivre son développement normalement, dans l’utérus. «Le fait d’avoir établi avec certitude un lien entre naissance prématurée et accouchement prématuré nous incite à poursuivre nos travaux pour mieux comprendre les mécanismes biologiques ou génétique sous-jacents, afin de développer des traitements qui pourraient un jour empêcher le travail préterme de survenir », conclut-elle.

À propos de cette étude

L’article intitulé «Risk for Preterm and Very Preterm Delivery in Women Who Were Born Preterm» a été publié en ligne dans la revue Obstetrics and Gynecology le 7 avril 2015. Les travaux de recherche ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Les auteurs soulignent la collaboration de l’Institut de la statistique du Québec dans la collecte et l’analyse des données. Anne Monique Nuyt est néonatalogiste au CHU Sainte-Justine, chercheuse et chef de l’axe Pathologies foetomaternelles et néonatales au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeur titulaire au Département de pédiatrie de Université de Montréal. Ariane Boivin a réalisé ces travaux en tant que postdoctorante sous la supervision de la Dre Nuyt.

Source : Maude Hoffmann

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