Des études récentes ont montré que la dépression majeure est associée à une série de déficits neuropsychologiques tels que les déficits d’attention, de mémoire, de prise de décision et d’inhibition comportementale chez les adultes et les personnes âgées. Bien que le taux de dépression clinique soit peu élevé dans l’enfance et au début de l’adolescence, on note fréquemment une apparition de symptômes dépressifs subcliniques vers l’âge de 13 ans. Une nouvelle étude dirigée par des chercheurs au CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal et publiée dans le Journal of Affective Disorders démontre que les symptômes liés à la dépression précoce peuvent affecter la cognition des adolescents. Effectivement, une dépression expérimentée à l’adolescence est associée à de moins bonnes performances au niveau de la capacité à se rappeler des choses et au niveau des aptitudes à raisonner. « Nos résultats suggèrent que la dépression chez les adolescents est associée à un développement cognitif altéré et que ces effets préjudiciables seront encore plus fort au début de l’adolescence », précise Mohammad H. Afzali, PhD, premier auteur de l’étude.
Pour comprendre l’association entre la dépression et le fonctionnement neuropsychologique au cours de l’adolescence, l’équipe de recherche a suivi un échantillon de 3,826 adolescents canadiens sur une période de quatre ans. « Grâce à des modèles d’évaluation multiniveaux, nous avons pu examiner les effets concomitants et subséquents des symptômes dépressifs sur le niveau initial et l’évolution de quatre domaines neuropsychologiques, soit la mémoire de travail spatiale, la mémoire différée, l’aptitude à raisonner et le contrôle inhibiteur », explique Patricia Conrod, PhD, chercheure au CHU Sainte-Justine et professeure au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal. Les résultats suggèrent qu’au-delà de toute relation préexistante potentielle entre la dépression et les fonctions cognitives, l’augmentation des symptômes dépressifs au cours d’une année donnée est associée à de moins bonnes performances dans les tâches de mémoire différée et de raisonnement perceptif dans la même année. De tels symptômes ont également montré qu’ils avaient des effets à long terme en ce qui a trait à la mémoire de travail spatiale, et ce, même si les symptômes dépressifs étaient réduits au niveau de base. Ceci prouve les effets persistants des symptômes dépressifs sur certains domaines cognitifs.